Alors que l'économie britannique semble au point mort et que les suppressions d'emplois dans la fonction publique s'accélèrent, l'opposition britannique travailliste appelle à un plan de relance. Ed Balls, le chancelier "fantôme" des travaillistes, a vivement attaqué lundi le plan d'austérité de l'actuel gouvernement de coalition, qu'il qualifie "d'erreur idéologique" à cause de sa brutalité et de sa rapidité. "Oui, il faut un plan crédible pour réduire le déficit, mais il faut d'abord agir pour la croissance et l'emploi", a-t-il expliqué.
Cet appel intervient alors que tous les indicateurs économiques passent au rouge. L'austérité a provoqué la suppression de 111.000 emplois dans la fonction publique au deuxième trimestre, le plus fort recul depuis quinze ans. Si le secteur privé continue à créer des emplois, cela ne suffit plus, et le chômage est remonté à 7,9%, contre 7,7% en mai.
Cinq points du "plan B"
Dans le même temps, l'indice de production industrielle a fortement chuté, la consommation des ménages stagne, et l'inflation continue à flamber (à 4,5%), écrasant le pouvoir d'achat. Face à cela, la plupart des économistes ont révisé à la baisse leurs prévisions de croissance, qui ne dépassent guère 1% pour 2011.
Dans ces circonstances, les appels répétés des travaillistes à un "plan B", pour réduire le déficit moins vite que les conservateurs, commencent à être entendus. Dans le détail, ce plan repose sur cinq points : annuler "temporairement" la hausse de la TVA de 17,5% à 20 % appliquée depuis janvier ; réduire à 5% la TVA sur les travaux immobiliers domestiques ; accélérer les investissements prévus dans les années à venir dans des projets d'infrastructures ; instaurer un nouvel impôt sur les bonus des banquiers pour un an seulement, comme cela avait été le cas en 2010 ; réduire les contributions sociales des toutes petites entreprises pour un an.
Le gouvernement réplique qu'abandonner la politique d'austérité serait de la folie. Les marchés financiers risqueraient d'attaquer le Royaume-Uni. Néanmoins, de plus en plus d'économistes estiment qu'une relance modérée pourrait être utile. Même du côté du patronat, son organisation, le CBI, qui a longtemps milité en faveur de l'austérité, semble y songer : "certaines propositions de M. Balls valent la peine d'être examinées, mais il faut vérifier que l'Etat puisse les payer", a estimé prudemment John Cridland, son directeur.
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