Un échange de prisonniers coûteux pour la Palestine

Le soldat israélien retenu prisonnier par le Hamas, Gilad Shalit, a été libéré mardi après cinq ans de détention. Ces cinq années ont coûté cher aux Palestiniens, surtout dans la bande de Gaza.
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Le Hamas a réussi à faire plier Israël. En échange de Gilad Shalit, un jeune soldat détenu depuis plus de cinq ans dans la bande de Gaza, le mouvement islamiste a obtenu mardi la libération d'un premier contingent de 477 prisonniers. Mais cette victoire politique a coûté très cher au Hamas et surtout au million et demi d'habitants de la bande de Gaza. Dès l'enlèvement du soldat, Israël a durci le blocus terrestre et maritime autour de cette région tout en se livrant à des représailles qui, au total ont fait 1.400 morts, selon les calculs de la presse palestinienne.

Sur le front économique, le bilan est tout aussi calamiteux. Les effets des sanctions imposées par Israël se chiffrent en milliards de dollars, selon les estimations de l'ONU. Isolée du reste du monde, la région n'a plus été en mesure d'exporter. Les systèmes de distribution et d'épuration d'eau, ainsi que des routes et des milliers de maisons ont été endommagés, voire détruits. Le niveau de vie a chuté de près de moitié, tandis que le chômage a touché jusqu'à 40% de la population active.

"Nous avons payé un prix énorme dans cette affaire", affirme un responsable de l'Autorité palestinienne présidée par Mahmoud Abbas, le grand rival du Hamas, qui gouverne en Cisjordanie. La situation financière du gouvernement du Hamas explique d'ailleurs en partie que le mouvement islamiste ait accepté de faire quelques concessions.

Le gouvernement du Hamas est menacé de se trouver en état de cessation de paiement. Il a de plus en plus difficultés à régler la paye de ses fonctionnaires et surtout de ses milliers d'hommes oeuvrant en tant que force de sécurité, qui quadrillent la bande de Gaza pour réprimer toute contestation.

Ces difficultés résultent du blocus israélien, mais aussi de la chute de l'aide financière de l'Iran qui a ainsi sanctionné certains des dirigeants du Hamas ayant critiqué la sanglante répression des opposants au régime syrien du président Bachar Al Assad-un grand allié de Téhéran. Au même moment, la Cisjordanie a connu une véritable embellie avec une croissance prévue de 7% cette année.

Cette disparité entre les deux régions alimente un mécontentement social à Gaza. Pour tenter de calmer le jeu, le mouvement islamique espère qu'après l'échange de prisonniers, Israël desserrera quelque peu le blocus pour permettre à l'économie de la bande Gaza de souffler. Résultat : le Hamas a fait lui aussi preuve de "souplesse" face à Israël.

Il a ainsi renoncé à obtenir la libération de plusieurs de ses hauts dirigeants et accepté bon gré mal gré que plus de deux cents prisonniers originaires de Cisjordanie ne soient pas autorisés à revenir chez eux. Ils ont été bannis vers la bande de Gaza ou en Egypte, au Qatar et en Turquie. En bref, le bilan est pour le moins contrasté aussi bien du côté israélien que du Hamas, même si l'échange de prisonniers ouvre la porte à de nouvelles négociations entre les deux parties.

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