La Tunisie vote, premier scrutin libre du "printemps arabe"

Les Tunisiens, déclencheurs du "printemps arabe", sont invités ce dimanche à élire démocratiquement une assemblée constituante neuf mois après le renversement de Zine Ben Ali à l'issue d'un soulèvement populaire.
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Les islamistes du parti Ennahda (Renaissance) sont les favoris de ce scrutin, dont le déroulement et les résultats seront observés avec attention dans le reste de la région, où des régimes autocratiques vacillent ou ont déjà sombré à la suite de la révolution tunisienne.

La communauté internationale suit aussi attentivement ces élections, qui pourraient fournir une indication des développements à attendre dans les bouleversements en cours dans le monde arabe.

Les bureaux de vote ont ouvert leurs portes à 07h00 (06h00 GMT) et fermeront à 19h00.

Le scrutin doit accoucher d'une assemblée chargée de rédiger une nouvelle Constitution. Il va aussi entraîner la formation d'un gouvernement intérimaire dans l'attente d'élections législatives et présidentielle.

Interdit sous Zine Ben Ali, Ennahda devrait arriver en tête. Le parti islamiste de Rachid Ghannouchi ne devrait toutefois pas obtenir de majorité au sein de la future assemblée, ce qui le contraindrait à chercher des partenaires de coalition.

Sa tâche ne devrait pas être aisée face au front uni que vont tenter de former ses multiples adversaires, tels le Parti démocratique progressiste (PDP), soucieux de préserver les valeurs laïques de la Tunisie.

Ennahda s'est employé durant la campagne à dissiper les craintes du camp laïque et des pays occidentaux. Il présente plusieurs candidates, dont l'une ne porte pas le voile islamique, et il s'est engagé à respecter les droits des femmes.

Durant la période post-coloniale, la Tunisie s'est distinguée par sa volonté de créer une société qui ne soit pas fondée sur des principes religieux. La polygamie a été interdite, les femmes ont obtenu le droit de vote et l'égalité en matière d'héritage, et le port du voile a été découragé.

LE PREMIER MINISTRE RASSURANT

Le camp laïque s'inquiète désormais de voir Ennahda imposer des bouleversements sociétaux par le biais d'un succès politique.

Ennahda s'en défend et il a publiquement pris ses distances avec les salafistes qui ont récemment attaqué un cinéma et une chaîne de télévision après la diffusion du film d'animation "Persépolis", dans lequel Allah est incarné à l'écran, ce qui est contraire aux préceptes de l'islam.

Pour de nombreux observateurs, les positions d'Ennahda ne sont pas claires.

Lors d'un dernier meeting de campagne vendredi, Souad Abdel-Rahim, la candidate non voilée du parti, a répété que sa formation préserverait les acquis des femmes. Une grande partie des ouvrages vendus en marge de ce rassemblement étaient cependant l'oeuvre d'auteurs salafistes prônant une séparation entre les hommes et les femmes dans l'espace public et condamnant les élections comme contraires aux principes de l'islam.

Une victoire électorale d'Ennahda serait une première pour les islamistes dans le monde arabe depuis celle enregistrée en 2006 par le Hamas palestinien. En 1991, les islamistes du Fis avaient remporté le premier tour des législatives en Algérie voisine, un scrutin finalement annulé par l'armée et qui avait été suivi par une décennie de violences.

Conscients de l'enjeu du scrutin pour leur pays mais aussi pour le monde arabe, les Tunisiens votent dans un climat tendu.

Le Premier ministre Béji Caïd Essebsi leur a assuré jeudi qu'ils pourraient voter sans crainte de violences ni de fraudes, qui étaient la marque des élections organisées du temps de Zine Ben Ali.

"Personne ne peut douter des élections, elles seront transparentes et propres. La fraude sera impossible. Les urnes seront visibles de tous", a-t-il dit.

Selon les autorités, 40.000 militaires et policiers seront déployés pour maintenir l'ordre. Des commerçants affirment que la population a constitué des stocks de lait et de bouteilles d'eau à titre de précaution.

Commentaire 1
à écrit le 24/10/2011 à 10:56
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Et oui la charia va devenir en tunisie comme en libye la nouvelle doctrine politique de leur gouvernement. En libye, le CNT a déjà annoncé que le divorce, l'avortement et d'autres fondamentaux de la liberté seront abrogés car contraire à la Charia (...

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