Egypte : « Nous refusons toutes les aides qui visent à exercer une influence politique »

Abdel Hafez El Sawy est chargé de la supervision des comités économiques du Parti justice et liberté, le parti des Frères musulmans, majoritaire au Parlement égyptien. Alors que le pays a un besoin urgent d'une aide financière pour relancer la croissance, l'économiste s'explique sur l'aide sollicitée par le gouvernement auprès du FMI et sur la poursuite de l'aide américaine.
Mohammed Badie, dirigeant des Frères Musulmans, première force politique du Parlement en Egypte/AFP.

L'Egypte a un besoin urgent de liquidités, le prêt du FMI de 3,2 milliards de dollars est à nouveau sur le devant de la scène. Faut il l'accepter ?
Nous ne sommes pas contre, mais il y a un vrai problème de flou au niveaux des déclarations officielles. La situation économique n'est pas clairement établie. Nous n'avons pas un ?il sur les dépenses et nous ne faisons pas confiance à ce gouvernement. Suite à ce prêt, le gouvernement en obtiendra d'autres, il est question de 11 milliards de dollars, soit 33% de la dette extérieure de l'Egypte. Avec quelles modalités de remboursement ? Et l'année prochaine , que se passera-t-il ?

Avez-vous eu des contacts avec la délégation du FMI ?
Oui. Le parti Liberté et Justice a pris soin de faire passer le message : nous n'acceptons pas d'exigences politiques ou sociales. Ne nous demandez pas d'augmenter les prix ou de supprimer des subventions maintenant. Le gouvernement actuel souhaite signer le prêt ce mois-ci pour nous mettre au pied du mur. Selon nous, le prêt ne sera pas accordé par le FMI tant qu'il n'y aura pas un consensus des forces politiques égyptiennes.

Etes-vous plus à l'aise avec les prêts provenant des pays du Golfe: Arabie saoudite, Qatar ?
Notre préférence n'est pas fonction de la provenance : nous choisirons les meilleures conditions et le prix de remboursement le plus intéressant.

Quid de l'aide américaine (1,3 milliards de dollars d'aide militaire, 200 millions d'aide économique) ?
La position du parti est claire : refus de toutes les aides qui visent à exercer une influence. L'aide américaine est orientée, elle correspond à un soutien politique. Depuis 1985, elle n'a plus soutenu aucun projet de développement mais arrive directement dans les poches du régime. Les aides militaire comme économique ont des visées politiques, nous souhaitons que l'aide prenne la forme de soutien à des projets directs. Comme c'est le cas l'Agence française de développement par exemple.

Certains membres des Frères musulmans ont évoqué la création d'un impôt applicable seulement aux musulmans. Vous comptez mettre cela en ?uvre?
Non, nous ne sommes pas en faveur d'un impôt orienté vers un groupe confessionnel. La "zakat" est un système établi sous le califat : les riches soutiennent les pauvres. Cela concerne tout le monde.

La deuxième force politique au Parlement est composée par les partis salafistes. Etes-vous proches d'eux sur les questions économiques ?
Les partis salafistes sont nouveaux en politique, ils manquent d'expérience et cela ne leur permet pas d'avoir des positions économiques claires : ils sont les premiers à le reconnaître. Nous n'avons pas forcément des points de vue conflictuels dans le domaine économique. Ils ont aussi une vision d'égalité sociale, de développement de l'Egypte, nous sommes prêts à avoir des discussions et sommes ouverts au dialogue.
 

Commentaire 1
à écrit le 08/03/2012 à 17:25
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Avec une fécondité record, l'Egypte est un brûlot et l'ancien dictateur Hosni Moubarak disait que tant que l'Egypte ne maîtrisera pas sa démographie, le pays ne décollera pas économiquement.

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