L'économie américaine se reprend timidement

En dépit de la hausse des prix des carburants, les américains consomment, comme le montre la nette progression des ventes de détail en février. Mais la reprise n'en reste pas moins lente, au regard des retournements conjoncturels précédents.
Photo Reuters

Alors même que les américains se plaignent de l'envolée des prix des carburants, au point de reprocher à Obama son inaction en la matière, les ventes au détail aux Etats-Unis ont enregistré en février leur plus forte progression en cinq mois, notamment grâce aux ventes de....  véhicules (+1,6% d'un mois sur l'autre). La hausse de la consommation a atteint 1,1% au total, le plus fort gain depuis septembre dernier. Le chiffre de janvier a même été révisé à la hausse (+0,6% au lieu de +0,4% en première estimation). De quoi rassurer sur la reprise de l'économie américaine? Les pessimistes sont de moins en moins nombreux au sujet de la première économie mondiale. En moyenne, les économistes parient sur une croissance économique dépassant les 2% en 2012, voire approchant les 3% selon les plus optimistes. Rien à voir la zone euro, pour laquelle la BCE attend au mieux une croissance zéro. 

Un gap de créations d'emplois

Pour autant, les américains se montrent toujours moroses. Où est le problème? La hausse du prix des carburants mine leur pouvoir d'achat. Mais surtout,  habituellement, les phases de récession sont suivies aux Etats-Unis de reprises fortes de l'activité. Au début des années 80, le PIB pouvait progresser de 7% en sortie de récession. Dans ce cas, les créations d'emplois redémarrent fortement, et très vite les destructions de postes qui ont eu lieu pendant le creux conjoncturel sont efffacées. Or, aujourd'hui, on en est très loin aux Etats-Unis. Chaque mois, l'économie américaine crée certes 200.000 emplois, quand tout va bien. Mais il s'agit là d'un rythme bien trop lent, en regard de ce qui s'est passé en 2008 et 2009 (le PIB a  chuté de 3,5% en 2009). Près de neuf millions de postes ont alors été détruits... Or, depuis que l'économie est repartie fin 2009, moins de trois millions d'emplois ont vu le jour. Le gap est encore immense : on compte encore 5 millions d'emplois en moins par rapport à la situation d'avant-crise. D'où la persistance d'un taux de chômage supérieur à 8%, important en regard des "standards" américain, avec une protection sociale évidemment moins généreuse qu'en Europe. Voilà pourquoi la banque centrale américaine, la Fed, évoque aujourd'hui une "reprise modérée".

Immobilier à la traîne, pouvoir d'achat stagnant

Certes la consommation apporte du carburant à l'économie, comme on le voit en ce début d'année. L'investissement des entreprises en high tech a retrouvé son niveau d'avant 2008. Mais des secteurs comme l'immobilier, fortement contributeurs, sont à la traîne. Si les subprimes avaient permis à un nombre de ménages grandissant de devenir propriétaires, il n'en est bien sûr plus question aujourd'hui. Et, comme le souligne Ben Bernanke, le président de la Fed, le pouvoir d 'achat ne s'améliore pas: cela signifie que la consommation peut s'essouffler au cours des prochains mois. Selon les dernières statistiques diffusées par Emmanuel Saez, le spécialiste des inégalités aux Etats-Unis, 93% de la masse supplémentaire de revenus distribuée en 2010 a été captée par 1% des ménages, les plus riches. Et cette tendance s'est probablement poursuivie jusqu'à aujourd'hui.

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