Les pétrodollars volent au secours des Etats-Unis

Les pays membres de l'Opep voient leurs recettes grossir en raison de la hausse du cours du brut. Leur investissement favori reste les bons du Trésor américain.
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Si les Etats-Unis pouvaient s'inquièter d'un moindre appétit de la Chine pour leurs bons du Trésor, ils peuvent être rassurés par les intentions des 12 membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep). Grâce aux pétrodollars supplémentaires amassés mécaniquement grâce à l'appréciation des prix du baril de brut, ils ont augmenté leurs achats (nets) de bons du Trésor américain, de quelque 43,3 milliards de dollars sur un an (1er février 2011-31 janvier 2012), soit une hausse de 20% pour les porter à 258,8 milliards de dollars. Dans le même temps, les achats des investisseurs internationaux hors-Opep progressaient de 13%. Selon les calculs de l'agence Bloomberg, grâce à une hausse de 26 dollars du baril de brut, les membres de l'Opep ont engrangé quotidiennement en moyenne durant cette période un bénéfice supplémentaire de 780 millions de dollars par jour.

Aubaine pour les Etats-Unis

Pour les Etats-Unis, c'est une aubaine. Le franchissement du plafond de 15.000 millards de dollars de dette, à l'origine de la perte du fameux triple A de l'Oncle Sam,  avait fait craindre que les investisseurs internationaux fassent preuve d'une plus grande prudence à l'égard d'actifs réputés sûrs. Ces derniers, qui détiennent la moitié de la dette américaine négociée sur le marché, soit quelque 5.000 milliards de dollars, s'étaient également inquiétés de voir le sujet se politiser et devenir un enjeu partisan entre élus démocrates et républicains. Lors de la prochaine campagne présidentielle cet automne, les moyens de dégonfler cette dette - qui frôle les 100% du PIB - devraient animer les débats.

Mais ce n'est pas pour faire plaisir aux élus que les membres de l'Opep, en investisseurs avisés, mettent leurs excédents dans l'obligataire américain mais bien en raison des rendements orientés à la hausse de cet actif, qui sur le titre à 10 ans, a réalisé sa meilleure performance hebdomadaire depuis juillet. Cette appréciation traduit surtout la multiplication de signes comme l'emploi de l'accélération de la reprise de l'économie de l'Oncle Sam. La croissance devrait progresser de 2,2% cette année, après 1,6% en 2011, selon le consensus d'un sondage réalisé par Bloomberg auprès de 90 économistes.

Révision à la hausse des estimations du prix du pétrole en 2012

Et du coté de l'Opep l'appétit devrait rester intact dans un proche avenir. En effet, selon les projections de l'Agence d'information sur l'Energie (EIA) américaine, les recettes de l'organisation devraient atteindre 1.105 milliards de dollars contre 1.010 milliards de dollars en 2011, un montant qui avait représenté un bond de 30% par rapport à l'année précédente, affectée il est vrai par les conséquences de la crise financière et économique sous la forme d'une stagnation de la demande mondiale. Selon les persepctives des experts de Bank of America/Merrill Lynch, le prix du brut devrait continuer à s'apprécier, ils tablent désormais pour un prix moyen en 2012 de 118 dollars pour la référence brent et 106 dollars pour le WTI, contre respectivement 110 et 103 dollars dans leur précédente estimation.

"Cela reflète une croissance économique mondiale meilleure que prévu et des tensions plus importantes qu'escompté sur l'offre de brut", explique Francisco Blanch, expert chez Bank of America/Merrill Lynch, pour qui "le risque d'un récession mondiale, encore palpable en décembre 2011, a considérablement diminué tandis que la croissance de l'offre de pétrole a déçu durant le premier trimestre 2012."

Chercher des investissements plus rentables si l'économie mondiale progresse

Pour autant la poursuite d'une appréciation des cours au-delà d'un certain seuil pourrait peser sur cette économie mondiale, en premier lieu sur les pays fortement dépendants de leurs importations pétrolières comme par exemple les maillons faibles de la zone euro : l'Italie, l'Espagne et la Grèce.

En revanche, si les prix de l'or noir progressent sans cet impact négatif pour la conjoncture , cela signifiera que la demande est tirée par une solide croissance de l'économie à travers la planète, ce qui sera propice pour les investisseurs, dont l'Opep, à chercher des placements plus risqués mais plus rentables que les bons du trésor américains.

 

Commentaires 3
à écrit le 20/03/2012 à 6:20
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Ah bon, parce qu'ils auraient le droit de choisir ce qu'ils font de leur argent?

à écrit le 19/03/2012 à 18:00
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Le problème les USA ont fait disparaître l'indice m3 !

à écrit le 19/03/2012 à 14:40
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Une minute de prosternation silencieuse sera observée

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