Le cas Repsol ravive les antagonismes en Amérique latine

L'expropriation par l'argentine de l'entreprise espagnole Repsol fait grand bruit sur le continent, où les investissements étrangers ont représenté 104 750 millions d'euros en 2011.
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"Nous allons opérer une «récupération» de la compagnie pétrolière YPF". La nouvelle annoncée par la présidente argentine Cristina Kirchner le 16 avril a fait grand bruit. L'Argentine va ainsi nationaliser 51% d'YSF, actuellement filiale à 57,4% de la compagnie espagnole Repsol. Une décision justifiée par la présidente au regard de l'insuffisance des investissements opérés par Repsol afin de développer la production de sa filiale. Un manquement qui aurait obligé l'Argentine à augmenter fortement ses importations de pétrole en 2011. Vingt ans après sa privatisation controversée, le fleuron argentin revient donc dans le giron de l'Etat, qui devrait laisser 6,4% des parts à Repsol ainsi des relations diplomatiques des plus tendues avec l'Espagne.

Réactions latino-américaines


Outre cette crise diplomatique, le boulet de canon tiré par l'Argentine sur l'Espagne, son premier investisseur étranger et le cinquième de la zone Amérique Latine et Caraïbes a déclenché une cascade de réaction chez ses voisins.En tête de file des pays qui ont félicité l'Argentine, le président du Vénézuela Hugo Chavez s'est réjouit que son voisin assoit sa souveraineté sur ses ressources naturelles. Un choix que le Vénézuela a opéré sur une partie importante de ses ressources depuis 2007 (pétrole, gaz, sidérurgie), expropriant de nombreuses entreprises étrangère. L'enthousiasme de Chavez est partagé sans surprise par Cuba ainsi que par le président uruguayen José Mujica. « L'erreur de l'Argentine est d'avoir vendu YDF » a-t-il déclaré au quotidien argentin La Nacion. « Je n'apprécie pas l'arrogance dont fait preuve l'Europe riche » a-t-il ajouté.

prudence brésilienne


Car il reste que malgré des investissements étrangers qui ont atteint le niveau record de 104,8 milliards d'euros selon la Commission Economique pour l'Amérique Latine et les Caraïbes (CEPAL), l'Amérique latine reste un continent où l'exploitation des ressources naturelles telles que les hydrocarbures est assurée par les Etats. Brésil, Mexique, Vénézuela, Equateur ou Bolivie, l'Argentine faisait figure d'exception.
D'autres gouvernements, comme celui de Dilma Roussef au Brésil ou d'Ollanta Humala au Pérou ont décidé de ménager la chèvre et le chou. « Nous respectons les décisions politiques de nos voisins, mais nous ne les partageons définitivement pas » a martelé le ministre de l'économie péruvien Luis Miguel Castilla.

Colère méxicaine


Dans les pays plus libéraux on craint un effet généralisé de méfiance chez les investisseurs étrangers. Sévère, le Président du Mexique, Felipe Calderon a fustigé l'expropriation de Repsol, rappelant que « tous les pays en voie de développement ont besoins d'investissement. Personne en possession de tous ses moyens n'investira dans un pays qui exproprie les investisseurs. Au Chili également, l'accueil de la nouvelle a cueilli à froid le ministre de l'Economie Pablo Longueira, qui a estimé que le cas YPF « fait passe l'Amérique latine pour une région peu attractive ». La Colombie, où les investissements étrangers ont presque doublé en 2011 en passant à 13,23 milliards de dollars (contre 6,9 milliards de dollars en 2010, selon la Banque Centrale) a elle aussi pris ses distances.
 

Commentaires 4
à écrit le 21/04/2012 à 11:49
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Peut être qu'il y a des entreprises ou des filiales Argentines en Espagne ... L'Argentine a certainement de la chance que l'Espagne ne soit pas en ce moment capable de réagir sur le plan financier ... (effectivement cela serait très différents avec d...

à écrit le 20/04/2012 à 16:36
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Ceci fait, QUI peut me citer une entreprise américaine expropriée en Argentine..?? Chiche!

à écrit le 20/04/2012 à 16:19
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La position de l executif argentin en place et son discours sur souveraineté nationale et l acces aux ressources naturelles semble lié, en toile de fond, la situation actuelle avec les Maldives..

le 21/04/2012 à 0:58
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Pas les Maldives... Les Malouines (Islas Malvinas)

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