La sonnette d'alarme est tirée. L'Algérie, qui vit de l'exportation de ses hydrocarbures, redoute la baisse des prix du baril de pétrole sur le marché mondial. Pour son ministre de l'Energie, Youcef Yousfi, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) doit décider une baisse de la production du cartel lors de sa prochaine réunion à Vienne s'il s'avère que le plafond fixé en décembre 2011 n'a pas été respecté par ses douze membres. « J'espère que nous allons trouver un consensus pour corriger la situation s'il s'avère que le plafond de 30 millions de baril/jour a été dépassé. S'il ne l'est pas, nous allons encore examiner les raisons de la détérioration des prix de ces derniers jours », a déclaré M. Yousfi ce jeudi à l'agence officielle APS, Il s'agit d'établir, selon le ministre, si cette dépréciation "est due à une chute fatale de la demande ou à un dépassement" des quotas.
La mise en garde du FMI
Le prix du baril a fortement baissé depuis trois mois, tombant au-dessous de 90 dollars ces derniers jours après un pic au-dessus de 110 dollars début mars. Cette chute est un problème pour l'économie de l'Algérie qui vit grâce à l'exportation d'hydrocarbures. En janvier dernier, le FMI avait d'ailleurs mis en garde Alger contre une baisse des prix du baril sous 100 dollars : « L'orientation budgétaire expansionniste de ces dernières années a rendu la situation budgétaire vulnérable aux fluctuations des cours du pétrole, le prix permettant d'équilibrer le budget s'établissant aujourd'hui à un niveau légèrement supérieur à 100 dollars le baril ».
Le risque de revoir à la baisse les investissements publics et le budgets sociaux
La vente des hydrocarbures représentent 97% de ses recettes en devises du pays. Dans ses prévisions, le FMI part de l'hypothèse d'un baril à 99 dollars en moyenne en 2012. Une dépréciation trop importante obligerait le gouvernement à renoncer à son plan d'investissements publics 2010-2014 d'un montant de 300 milliards de dollars (autoroutes, tramways, logements, métros, barrages, etc.), financé grâce à l'argent du pétrole. Il sera également obligé de réviser à la baisse ses dépenses sociales, en moyenne de 12 milliards d'euros par an, destinées à lutter contre le chômage et à maintenir la paix sociale dans le pays.