L'arc de l'histoire économique penche à l'Est !

Deux mille ans d'histoire économique racontés en un graphique par le magazine The Atlantic.
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En l'an 1, l'Inde et la Chine représentaient chacune entre le quart et le tiers de la population mondiale. Et, selon Derek Thomson, journaliste pour The Atlantic, qui a publié avec l'aide d'un analyste de JP Morgan ce graphique inédit et coloré, ces deux pays pesaient aussi à l'époque chacun... entre le quart et le tiers du PIB mondial. Quelque deux mille ans après J.-C., selon des statistiques sur l'évolution de la population et de la croissance mondiale réunies par Angus Maddison (université de Groningen, aux Pays-Bas), l'« arc de l'histoire », qui a longtemps été tendu en faveur de l'Occident (Europe et Russie, Etats-Unis, Japon), se déforme à nouveau, au bénéfice des deux pays asiatiques les plus peuplés de la planète.

Après un long déclin, la Chine et l'Inde sont en train de vivre, en symétrique, le décollage spectaculaire apporté à l'Ouest par la révolution industrielle au XIXe siècle. Cette représentation, à l'échelle du temps long de l'économie, de la tension permanente entre l'est et l'Ouest, offre une image certes simplifiée, mais très spectaculaire du défi majeur qui va nous occuper au moins pour les cinquante prochaines années. Ce travail montre que ce sont bien le progrès technique et l'innovation qui font la pauvreté ou la prospérité des nations. Avant la révolution industrielle, grosso modo, la taille d'une économie dépendait principalement de la masse de sa population. La Chine, qui a bien avant nous fait la plupart des grandes découvertes, aurait donc dû dominer le monde. Mais cela n'a pas été le cas et son long sommeil de deux siècles est celui d'une nation qui n'a pas connu l'effet accélérateur extraordinaire du progrès technique.

C'est à l'Ouest que la machine à vapeur, le charbon, puis l'électricité et le pétrole et enfin l'informatique et l'électronique ont permis de découpler la démographie et l'économie. Aujourd'hui, les États-Unis « pèsent » 5 % de la population mondiale, environ 22 % de son PNB et, encore plus spectaculaire, la valeur des entreprises américaines cotées représentent 48?% de la capitalisation boursière de la planète. Il est bien évident que cette situation historique exceptionnelle, qui a marqué les deux derniers siècles, est en train de connaître un tournant. Certes, le monde ne va probablement revenir à l'an 1, mais la tendance longue est bien à un rééquilibrage d'ensemble entre est et Ouest, dans lequel le poids de la population, donc la taille du marché, va jouer de nouveau un rôle décisif dans la hiérarchie économique. Pour l'Europe, c'est évidemment un argument de plus en faveur d'une intégration politique plus poussée. Évidemment, pour être sérieux, il faudrait compléter cette analyse par un graphique du PIB par habitant. De ce point de vue-là, l'Asie est encore loin, très loin d'avoir fini son rattrapage économique. La Chine, qui est longtemps restée au niveau de l'Afrique, a connu un encéphalogramme plat jusqu'au milieu du siècle dernier. et l'Ouest, avec les Etats-Unis en tête, continuera pendant longtemps de faire partie avec l'Europe de l'Ouest et du Japon du camp des pays riches, même si ce grand basculement du monde met au défi les sociétés démocratiques en raison de la stagnation du pouvoir d'achat bousculé par la mondialisation et l'exacerbation des inégalités.

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