
Ainsi donc, rien n'y fait. Jens Weidmann, le président de la Bundesbank, refuse de désarmer. Malgré les critiques ouvertes du ministre fédéral des Finances, Wolfgang Schäuble, malgré la neutralité embarrassée de la chancelière, il ne cesse de fustiger ouvertement la politique « inflationniste » de Mario Draghi. Et puisque l'Italien imprimeur de billets de banque a sorti début septembre son « bazooka » monétaire au nom assez étrange de « Outright Monetary Transactions » (OMT), il était dans l'ordre des choses que Jens Weidmann ait également recours à une arme ultime. En bon allemand, il a donc dégainé son Goethe, chargé, comme il se doit, des deux « Faust ». Mardi soir à Francfort, la rafale a été redoutable.
Ce diable de Draghi
Dans son discours, le président de la Buba va citer abondamment le Faust II du génie littéraire allemand né à Francfort, décidément le lieu central du débat monétaire européen. Il va surtout rappeler cette scène : l'Empereur est à court d'argent. Il se lasse des propositions mesurées qui lui sont faites et proclame : « J'en ai assez de ces éternels "Mais" et "Si" ; Je manque d'argent, alors qu'on en crée donc ! » Et le Diable, Mephisto, d'abonder dans le sens du Souverain : « Je crée ce que vous voulez, et j'en fais même bien plus. » Le cercle vicieux de l'hyperinflation lancé par le Malin ! Voyez vers qui se tourne le regard de Jens Weidmann...
Goethe parle d'or
La parole de Goethe est d'or outre-Rhin où l'on rappelle que le poète fut, en son temps, ministre des Finances du petit duché de Saxe-Weimar-Eisenach en pleine banqueroute, et qu'il s'opposa alors à l'usage de la création monétaire qu'il assimilait à de « l'alchimie moderne. » Jens Weidmann boit du petit lait et rebondit sur ce thème dans la conclusion de son discours : « Si les banques centrales peuvent créer de l'argent en quantité infinie à partir de rien, comme peut-on s'assurer que l'argent deviendra suffisamment rare pour conserver de la valeur ? »
Trouver une riposte à ce bazooka
Voici Mario Draghi placé entre le diable et Nicolas Flamel. Apprenti sorcier au service du mal. Le « bazooka » de Jens Weidmann est redoutable. Il est donc temps de répondre avec les mêmes armes. Si notre gouverneur de la banque de France veut des munitions, il en trouvera aisément dans notre glorieuse littérature, à commencer par Honoré de Balzac, contemporain du grand Goethe, et, lui aussi (et peut-être un peu plus que le génie allemand), grand spécialiste des questions d'argent.
Une poule à trente sous ?
Il ne s'agit sans doute pas de demander à Christian Noyer de répondre à son collègue cette phrase de Célestine Rabourdin dans "les Employés" : « La fonction d'un ministère des Finances est de jeter l'argent par les fenêtres, il lui rentre par ses caves ! » Mais sans doute pourrait-il lui lire le début de "la Rabouilleuse", roman trop méconnu du génie tourangeau où il décrit la lente décrépitude de la ville d'Issoudun dont les bourgeois, obsédés par le renchérissement du coût de la vie, refusent d'évoluer et laissent passer tout développement de leur ville. Ainsi, ne veulent-ils pas voir passer dans leur ville la route de Paris à Toulouse "en objectant que si la grande route traversait leur ville, les vivres augmenteraient de prix et l'on serait exposé à payer les poulets trente sous." L'Europe serait-elle désormais au c?ur d'un débat entre Mephisto et les bourgeois d'Issoudun ?
S'il est vrai que la France et l'Allemagne pourraient arriver à une compétitivité comparable il n'en est pas de même pour d'autres pays de la zone Euro.
Des pays aussi peu industrialisés que le Portugal, la Grèce et autres ont donc peu de chance d'arriver à la même compétitivité que l'Allemagne (à moins de devenir des paradis fiscaux).
Leur demander d'augmenter leur compétitivité par le dumping social et par le dumping des salaires et illusoire. Des pays comme la Chine, l'Inde et autres pays asiatiques ne peuvent être égalés en ce qui concerne le dumping social.
Seule solution, les accords doivent être modifiés de façon à permettre aux pays ainsi désavantagés de développer et de protéger leur économie contre des économies plus fortes afin d'arriver au sein de l'Union Monétaire à une plus grande convergence des économies.
Il est aussi important d'arriver à un partage horizontal du travail pour éviter l'exil de jeunes, souvent hautement qualifiés, pour cause de chômage dans les pays périphériques.
Il faut tenir compte de la réalité, l'Allemagne étant le pays économiquement le plus fort de la Zone Euro a pu profiter de l'endettement des autres pays pour développer son industrie aux dépens des autres économies de la Zone Euro.
L'exemple allemand restera espérons le une exception, il nous faut maintenant trouver un remède au mal et au préjudices causés aux autres économies!
Pour le moment, grâce a nôtre excédent de la balance commerciale de 15 Milliards PAR MOIS et ceci depuis plus de quinze ans, nous profitons plus que quiconque de l'UE et de l'Union Monétaire, ceci aux dépens des pays moins favorisés que nous. Les quelques petits milliards que l'Allemagne doit verser à Bruxelles tous les ans ne sont rien par rapport à l'excèdent commercial que nous réalisons grâce à cette petite cotisation. Excèdent commercial énorme qui nous permet d'exporter nôtre chômage vers les pays économiquement plus faibles et qui, a cause (grâce aux) des traités imposés par l'axe franco-allemand, ne peuvent ni empêcher ni taxer l'avalanche de produits Made in Germany qui étouffe et empêche leur propres économies de se développer.
Alors pas de souci et que l'Espagne, le Portugal et quelques autres pays affichent un chômage des jeunes qui dépasse déjà les 50% n'intéresse ni M Weidmann ni ma pomme.
Au centre de la question de la survie de l'euro, il y a la question de la construction européenne. D'où les questions de solidarité et d'harmonisation. Les Européens veulent-ils vivre ensemble? Et à quel prix?
ET MARIO MONTI A QUI LA CRITIQUE EST DESTINE?
Allez-lire Goethe die Italienische Reise; du coup l'argent est secondaire et il se penche sur la philosophie de la...beauté