Mystérieux remaniement ministériel au Kazakhstan

L'indéboulonnable président Kazakh, âgé de 72 ans, limoge ses ministres et jette encore davantage la confusion sur sa succession.
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Les cartes ont été rebattues à toute vitesse, sans le moindre signe annonciateur, dans cet immense pays qui va bientôt faire partie des dix premiers producteurs mondiaux de pétrole. Lundi, on a d?abord appris la démission du premier ministre Karim Massimov (47 ans, en poste depuis 2007), puis sa nomination au poste de directeur de l?administration présidentielle. Tout le gouvernement a démissionné dans la foulée. Quelques heures plus tard, Serik Akhmetov était nommé nouveau premier ministre, aussitôt validé en catimini par le parlement, qui n?est qu?une simple chambre d?enregistrement dans ce régime autoritaire d?Asie Centrale.

Un président indéboulonnable

 

Pour Karim Massimov, il s?agit d?une promotion, car l?administration présidentielle est l?organe de pouvoir le plus influent dans ce pays où le président Noursoultan Nazarbaïev, en place depuis 22 ans, a construit une verticale du pouvoir absolument rigide. Aslan Moussina, le prédécesseur de Karim Massimov dans l?administration, est lui relégué à un poste subalterne, de toute évidence en disgrâce. Les changements de personnels sont rares au Kazakhstan, où les alliances claniques se tissent en coulisse, sans le moindre contrôle démocratique. Selon un diplomate européen dans la région, « les investisseurs s?inquiètent de plus en plus sur ce qui va se passer quand Nazarbaïev ne sera plus en mesure d?assurer ses fonctions ». Des rumeurs sur sa santé déclinante circulent depuis qu?il a été hospitalisé à Hambourg l?année dernière. L?intéressé affirme être capable de gouverner encore dix ans et s?est fait réélire en 2011 avec 95,5% des voix dans un scrutin unanimement condamné par les observateurs occidentaux.

Croissance moyenne de 7 %

 

Au final, aucune carte forte n?apparaît, hormis celle de Karim Massimov. Or, pour la majorité des observateurs, le nouveau directeur de l?administration présidentielle possède un trait quasiment éliminatoire pour la succession au président actuel : il n?est pas ethniquement kazakh (64% de la population), mais Ouïghour (1,4% de la population). Sa popularité est assez faible, car il ne maîtrise pas bien la langue kazakhe, et son activité se situe plutôt dans la sphère économique, en coulisse. Ce « défaut » est aussi une force, car le président Nazarbaïev ne voit pas en lui un possible rival. Karim Massimov affiche une loyauté sans faille envers le président et possède une bonne réputation dans les cercles d?affaires étrangers. Son gouvernement a procédé à une série de réformes qui ont permit d?attirer plus d?investissements étrangers que dans toutes les autres républiques d?Asie Centrale réunies et garantir une croissance moyenne de 7% par an. Des résultats mis en péril par l?imprévisibilité du système politique.

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