Michel Aglietta : "les Chinois vont finir par exiger des primes de risque"

A la veille du sommet du G20 à Cannes, Michel Aglietta, professeur d'économie à l'Université de Paris-X Nanterre, fait le point sur la politique de change chinoise et les déséquilibres macroéconomiques. Un sujet qui pourrait toutefois être éclipsé, les 3 et 4 novembre, par la crise de la zone euro.
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Le Sénat américain a adopté, mardi 11 octobre, un projet de loi condamnant la politique de change chinoise. Les Etats-Unis ont-ils raison d'accuser Pékin de maintenir le yuan sous-évalué pour favoriser ses exportations ?

Non, c'est d'ailleurs assez malhonnête. Il est normal pour un pays émergent d'avoir une monnaie sous-évaluée en parité de pouvoir d'achat puisque, dans ces pays, les prix des biens non échangeables, comme les services aux ménages, sont très bas. Cela s'explique par leur niveau intermédiaire de développement qui suppose des salaires plus faibles pour une main d'?uvre non qualifiée plus abondante. Cependant, [avec le développement des échanges], le yuan progresse en termes réels effectifs en même temps que [les salaires et donc] le revenu par tête de la population.

Les Etats-Unis se trouvent quant à eux face à un problème d'affaiblissement de leur compétitivité. Le capitalisme financiarisé, entièrement tourné vers le rendement pour les actionnaires, a imposé des taux de profit trop élevés pour être supportables dans les secteurs industriels où l'innovation technologique n'était pas intense.

Ces pertes de marché n'ont pas été compensées par les gains de la haute technologie. C'est pourquoi la balance commerciale s'est affaiblie structurellement.

Le yuan s'est apprécié progressivement depuis 2005. Pourquoi envisager de prendre des sanctions aujourd'hui, alors que Pékin semble avoir changé de stratégie ?

Les syndicats et les lobbies exportateurs y sont pour quelque chose. Les Etats-Unis sont dans une situation sans précédent, avec un chômage tenace, de longue durée, qui s'installe. Or jusqu'ici, les politiques de relance monétaire ou budgétaire avaient toujours suffi à redresser l'économie, et l'emploi repartait assez rapidement.

Aujourd'hui, il y a une pression politique forte pour retrouver une croissance soutenue, mais la politique monétaire est peu efficace. Car les entreprises et les ménages se désendettent et les prix immobiliers stagnent.

La solution est donc de faire appel à la demande extérieure, ce qui suppose une amélioration de la compétitivité américaine.

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Commentaire 1
à écrit le 03/11/2011 à 19:01
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Merci de votre objectivité qui manque souvent chez les occidentaux ( médias, hommes politiques... etc) anti-chinois.

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