La BCE aurait-elle mis en sommeil son programme de rachat de titres de dette ?

Pour la deuxième semaine consécutive, la Banque centrale européenne (BCE) est restée inactive sur les dettes souveraines, après avoir accumulé l'équivalent de 219,5 milliards d'euros de titres depuis mai 2010.
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« Les marchés sont encore vulnérables. Nous devons donc faire très attention s'agissant d'annoncer la fin [du programme de rachats de titres de dette, ndlr] », avait déclaré vendredi dernier le président de la Banque centrale européenne (BCE) dans un entretien au Frankfurter Allgemeine Zeitung.

Au vu des données hebdomadaires publiées par la BCE, la question se pose malgré tout : la BCE aurait-elle mis en sommeil ses rachats de dettes souveraines de la zone euro entrepris en mai 2010 et qui totalisent aujourd'hui les 219,5 milliards d'euros ? L'avenir le dira, puisque le banquier central préfère la prudence plutôt que d'inquiéter les marchés. Ces derniers devront donc attendre les statistiques hebdomadaires.

Sur la semaine arrêtée au 24 février (il s'agit de la dernière date de règlement livraison, autrement dit pour des transactions arrêtées deux jours plus tôt), la banque est restée inactive. Et ce pour la deuxième semaine consécutive. Les trois semaines précédentes témoignaient déjà d'une très nette décélération : elles avaient été le théâtre de rachats sur les marchés pour un total de 246 millions d'euros seulement... très loin des 7,11 milliards d'euros de dettes acquis sur les trois premières semaines de janvier. Ces achats sont destinés à stabiliser les marchés et faire en sorte que la politique monétaire transmette correctement ses effets à l'économie de la zone euro.

Nette détente des taux

La situation sur les marchés obligataires a, il est vrai, favorablement évolué depuis le début de l'année. La BCE, via ses opérations de refinancement à long terme (LTRO) est parvenue à restaurer la confiance sur les marchés. Dans certains pays, et notamment l'Espagne, les banques ont utilisé une partie des fonds octroyés à trois ans au taux de 1% pour acheter de la dette souveraine. Et les investisseurs, pariant sur cette présence, ont été encouragés à revenir.

Aujourd'hui, les taux italiens et espagnols ont retrouvé leur niveau d'avant l'été 2011, été qui avait vu la BCE réactiver son programme de rachats de dette mis en sommeil durant 19 semaines. Le 10 ans italien, qui évoluait encore à 7,15% au début du mois de janvier est en effet revenu à 5,42%. Le taux à 10 ans espagnol est passé de 6,70% fin novembre à 5,01%. Et si les taux portugais font encore figure d'exception, à 12,9% à 10 ans, si le mouvement de détente à bel et bien eu lieu (540 points de base depuis la fin janvier).

Les opérations de refinancement à long terme ont pris le relais

« Pour l'instant, la BCE n'a plus besoin d'acquérir de la dette elle-même, elle a mis en place un autre outil qui fait ce travail », observe René Defossez, chez Natixis. « Mais la BCE n'annoncera pas la mise en sommeil du programme, ni son arrêt. En cas de gros stress sur les marchés, elle doit pouvoir le réactiver. D'autant, que si les opérations de refinancement à long terme lui permettent de gagner du temps, celles-ci ne sont pas la solution miracle ». Et de s'interroger sur l'après-LTRO dans un contexte de déficit de croissance si les efforts demandés pour stimuler l'activité ne sont pas réalisés. Car les risques souverains, bancaire et économique sont corrélés.

Mario Draghi a lui-même exhorté les banques, qui s'apprêtent à revenir à son guichet, à soutenir la croissance en prêtant aux ménages comme aux entreprises « Notre attente à présent, c'est que les banques, ayant satisfait leurs besoins de financements pour cette année, soient davantage enclines à utiliser l'argent - c'était vraiment notre objectif premier - pour accroître le crédit à l'économie réelle », a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse dimanche à la suite du G20 Finances à Mexico.
 

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