Crise politique en Roumanie : nouveau pas vers la destitution du président Basescu

En Roumanie, pays empêtré dans une grave crise politique, Victor Ponta et son gouvernement tentent de destituer par des moyens décriés par la presse et les ONG le président Traian Basescu. Paris, Berlin, et la Commission européenne se disent préoccupés et appellent au respect de l'État de droit.
Victor Ponta, Premier ministre roumain - Copyright Reuters

Le Premier ministre roumain Victor Ponta a tenté vendredi de rassurer ses partenaires européens "très inquiets" de possibles dérapages contre l'Etat de droit de la part de sa coalition de centre-gauche en pleine procédure de destitution du président Traian Basescu. Ce dernier a, quant à lui, averti que cette procédure de destitution menaçait "la stabilité et la réputation du pays".

La Roumanie fait face à une crise politique sans précédent, qui dure depuis maintenant deux mois. Victor Ponta avait été nommé début mai dans la précipitation par Traian Basescu après la chute du gouvernement précédent. Ces derniers jours, le Premier ministre et son gouvernement de centre gauche ont lancé une procédure de destitution du président Traian Basescu.

Destitution non conforme à la Constitution

Le Parlement a lancé les débats sur la destitution qui devaient aboutir à un vote dans la soirée. Dans un avis consultatif rendu peu avant, la Cour constitutionnelle a fait état de manquements du président à certaines de ses prérogatives, sans constater de violations de la Loi fondamentale. Or, selon la Constitution, le président ne peut être destitué que s'il a violé cette dernière. Traian Basescu "n'a pas exercé de manière efficace sa fonction de médiateur entre les pouvoirs de l'Etat" et a "tenté de réduire les prérogatives du Premier ministre", ont souligné les juges. En revanche, ils ont rejeté les accusations selon lesquelles il aurait "enfreint les droits fondamentaux de l'homme" ou "porté atteinte à l'indépendance des juges constitutionnels".

ONG et voisins européens appellent au respect de l'État de droit

La presse et les ONG ont dénoncé une procédure de destitution hâtive, à quelques mois des élections législatives que l'USL, le parti du Premier ministre Victor Ponta, semble assurée de remporter. Mardi, la Cour constitutionnelle, gardienne de la Constitution, avait lancé à l'unanimité de ses membres un cri d'alarme vers l'Europe, estimant être victime "d'attaques sans précédent" de la part du gouvernement.Si elles ne contestent pas en soi la procédure de destitution, qui est permise par la Constitution, des ONG comme le Comité Helsinki pour les droits de l'Homme ou Freedom House dénoncent la manière dont elle est menée.

Les développements des derniers jours en Roumanie ont suscité l'inquiétude de certains voisins européens. Berlin s'est dit "très inquiet", la Commission européenne "préoccupée (...) notamment par les actions qui semblent destinées à limiter les pouvoirs d'institutions indépendantes comme la Cour constitutionnelle". La veille, la France avait appelé Bucarest "à respecter l'Etat de droit".

L'instabilité politique pourrait nuire à une économie fragile

Dans une déclaration avant ces critiques, le Premier ministre roumain a tenté de rassurer, déclarant que la Roumanie resterait "un pays stable où l'Etat de droit, la Constitution, les normes européennes et internationales vont être respectés". Mais malgré ces critiques, le gouvernement a changé les conditions du référendum de destitution par ordonnance d'urgence jeudi soir. L'instabilité politique en Roumanie, un des pays les plus pauvres d'Europe, pourrait avoir des conséquences sur les investissements, ont estimé des analystes. Le cours de la monnaie nationale, le leu, a fortement chuté ces derniers jours.

Commentaires 5
à écrit le 07/07/2012 à 8:54
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Fatigue de cette europe à problemes et grande consommatrice d argent des contribuables...Quelle est la vision a CT, MT ouLong terme? Sombre

le 07/07/2012 à 13:52
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Et grande consommatrice des produits francais !

à écrit le 07/07/2012 à 7:01
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La roumanie ? C est ou deja ?

le 07/07/2012 à 9:27
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Entre Pantin et Bobigny

à écrit le 07/07/2012 à 2:13
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Bizarre... Je ne me souviens pas de Paris, Berlin ou la Commission s'être déclarés préoccupés quand en Italie et en Grèce il a été procédé à des nominations qui ont violé l'état de droit... Et vous?

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