La solitude de Mariano Rajoy face à la crise croissante de l'Espagne

Le gouvernement espagnol a obtenu l'approbation par le Parlement de ses mesures de rigueur pour économiser 56 milliards d'euros, grâce à la majorité absolue dont dispose le Parti Populaire (PP). Des manifestations contre ce plan sont prévues dans 80 villes du pays.
Des fonctionnaires manifestant jeudi à Madrid contre la politique d'austérité du gouvernement devant le siège du Partido Popular. /Copyright Reuters

Le décret approuvé la semaine dernière en Conseil des ministres a été validé jeudi par les députés espagnols grâce à l'unique soutien du Parti Populaire (PP) du Premier ministre Mariano Rajoy. Les autres partis n'ont pas voulu entériner ce texte qui prévoit des mesures de rigueur pour un montant de 56,4 milliards d'euros et qui sera complété d'ici la fin 2012 par d'autres réformes afin d'atteindre 65 milliards d'euros d'économies.

 Hausse de la TVA de trois points

Le texte impose notamment une hausse de la TVA de trois points à partir du 1er septembre, mesure mal perçue pour ses effets sur la consommation alors que la demande interne est en berne. Le FMI augure d'une poursuite de la récession en 2013 avec une contraction de l'activité de 0,6%. Le décret impose en outre la baisse des prestations chômage dans un pays où un actif sur quatre est sans emploi, et supprime la prime de Noël des fonctionnaires.

Pour le leader de l'opposition socialiste, Alfredo Pérez Rubalcaba, ces mesures supposeront « deux décimales de plus de récession et 200.000 emplois perdus ». L'absence de Mariano Rajoylors du débat - il ne s'est présenté au Parlement que pour voter le texte - a été particulièrement critiquée, alors que le PP est accusé de gouverner le pays sans partage malgré la situation critique. Le Gouvernement socialiste de José Luis Zapatero, sans majorité absolue au Parlement, avait toujours dû négocier ne serait-ce que l'abstention des partis régionalistes.

La grogne sociale monte

La solitude du gouvernement de Mariano Rajoy est d'autant plus tangible que la grogne s'est emparée des Espagnols, qui lui ont pourtant accordé une large majorité en novembre dernier. Les principaux syndicats ont convoqué d'importantes manifestations jeudi soir dans 80 villes du pays pour protester contre le nouveau plan de rigueur. Ils n'écartent pas l'organisation d'une grève générale en septembre. La dernière avait eu lieu le 19 mars dernier pour protester contre la réforme du code du Travail.

Les Espagnols n'ont toutefois pas attendu jeudi pour descendre dans la rue. Depuis l'annonce du plan de rigueur, les manifestations, spontanées ou pas, se succèdent dans les rues des grandes villes espagnoles et en particulier dans la capitale. Les fonctionnaires en sont les principaux protagonistes. Ils se plaignent en effet de jouer le rôle de bouc émissaire de la crise, eux qui ont déjà subi une baisse de salaire de 5% en 2010 et une hausse, pour certains, du nombre d'heures travaillées.

 Un taux d'emprunt supérieur à 7%

Malgré l'ampleur des coupes annoncées et la fermeté du gouvernement, le spread espagnol (écart entre les taux d'emprunt à dix ans allemand et espagnol) a grimpé à plus de 580 points et a ainsi porté la dette à dix ans à des taux d'intérêt supérieurs à 7% jeudi. Par ailleurs, le gouvernement a démenti la rumeur selon laquelle l'Espagne pourrait utiliser les 100 milliards d'euros mis à disposition par l'Union Européenne dans le cadre de la recapitalisation de ses banques, pour acheter de la dette espagnole.

Le Parlement a en outre adopté la création d'un fonds de financement des régions de 18 milliards d'euros. Il s'agit d'assurer la liquidité aux communautés autonomes dont la plupart n'ont plus accès aux marchés. En échange de ces fonds, les régions seront soumises à une stricte surveillance de leurs comptes qui pourra aboutir à une intervention de l'Etat central.

Commentaires 3
à écrit le 20/07/2012 à 14:13
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Il n y a qu en France qu on continue à engraisser le Mamouth mais la chute sera rapide et rude pour nos nouveaux sauveurs socialistes! Cette crise est avant tout celle des politique qui ont dépensé sans compter l argent public. Il faut faire table ra...

à écrit le 20/07/2012 à 1:58
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Les espagnols n'ont pas fini de descendre dans la rue. Et des mouvements sociaux sont prévisibles aussi en France. C'est la fin d'une époque et les gens ont beaucoup de mal à accepter cela. Le niveau de vie va baisser grave.

à écrit le 19/07/2012 à 21:14
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Les Espagnols ont été fort patients : ils ont pris en plein visage des mesures dont la sévérité le disputait à l'inefficacité totale. Situation absurde où les efforts non seulement n'entraînent aucun mieux aller, mais pire, aggravent tout. Pour y avo...

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