28 milliards d'euros de fraude fiscale en Grèce

28 milliards d'euros, c'est le montant de la fraude fiscale en Grèce en 2009, selon trois chercheurs. Pour cette année-là, cela représentait 31% du déficit public. Ce sont surtout les professions libérales qui sont impliquées.
Des consommateurs attendent devant la compagnie d'électricité grecque pour demander à ce que le courant ne soit pas coupé à leur domicile. A la fin de l'année dernière, le gouvernement de Lucas Papademos voulait établir une taxe spéciale en fonction de la consommation électrique pour lutter contre l'évasion fiscale. Copyright Reuters

On savait que l'évasion fiscale était un sport national en Grèce, pratiqué surtout par les professions libérales, et du moins avant 2010, lorsqu'ont été appliqués les plans de rigueur en échange de l'aide financière de l'Europe et du Fonds monétaire international (FMI).

La gageure était de fournir une estimation tant les données sont difficiles à établir. Trois chercheurs - Nikolaos T. Artavanis de l'Institut polytechnique de Virgnie, Adair Morse et Margarita Tsoutsoura de l'Université de Chicago - sont arrivés dans la conclusion de leur étude intitulée "Tax Evasion Across Industries: Soft Credit Evidence from Greece" au chiffre de 28 milliards d'euros pour l'année 2009.

Pour établir leur estimation, les trois chercheurs ont pris les données des clients d'une grande banque grecque, en particulier l'utilisation de la carte de crédit et les emprunts qu'ils ont contractés entre 2003 et 2010. Premier enseignement, les montants empruntés, notamment par les clients relevant de professions libérales, n'ont que peu de rapport avec le niveau des revenus déclarés. En moyenne, les chercheurs constatent que les remboursements de crédits correspondent en moyenne à 82% de leurs revenus déclarés. Encore plus remarquable, avocats et médecins consacrent plus de 100% de leurs revenus à rembourser leurs prêts.

Une telle anomalie ne semble avoir ému personne. En se basant sur ces résultats, les chercheurs ont établi un modèle pour faire une projection au niveau national, en particulier en considérant l'hypothèse qu'un tiers des revenus est consacré aux remboursements des emprunts. C'est ainsi qu'ils arrivent au chiffre de 26 milliards d'euros en 2009, ce qui représentait 31% du déficit public.

L'un des problèmes qu'aura mis au jour, du moins pour les autres Européens, la crise est que la fraude fiscale, normalement considérée comme une faute est dans la république hellénique la norme.

L'intérêt de l'étude est de se pencher sur les catégories socio-professionnelles qui sont les plus actives dans la fraude : ce sont majoritairement les professions libérales : médecins, ingénieurs, comptables, avocats, professeurs particuliers.... En revanche, dans les secteurs qui nécessitent l'achat de biens intermédiaires pour leurs activités, induisant une traçabilité, la fraude est évidemment plus faible.

Enfin, un autre enseignement de l'étude est d'établir également que si les professions libérales fraudent sans être beaucoup inquiétées, c'est que leur corps fournit en large partie le personnel politique grec. Ce qui, selon les auteurs, pourrait expliquer que la lutte contre la fraude fiscale en Grèce est restée durant de longues années une vue de l'esprit, en vertu d'un clientélisme "normal".

Commentaires 20
à écrit le 07/09/2012 à 20:15
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Bon, il y a au moins un aspect rassurant dans tout ça: les banquiers grecs connaissent leur terrain d'activité et prennent en compte des éléments "non-statistiques" pertinents dans le calcul des risques liés à leur activité...

à écrit le 07/09/2012 à 12:47
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quiconque paie 82% de ses revenus en remboursement de crédits doit pouvoir se faire imposer d'autant. celà ne devrait pas leur poser de problème, et le petit peuple pourrait respirer.

le 07/09/2012 à 13:31
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Je ne vois pas le rapport, un crédit sert à investir dans qqchose, que l'on se serre la ceinture pour le rembourser est un choix. L'impôt est reversé à pur perte et son utilisation est obscure.

le 07/09/2012 à 13:41
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'Investir' 82% de ses revenus dans un remboursement est impossible (même en se serrant la ceinture et peu importe le revenu) et se fait donc au détriment de la communauté en évitant la charge fiscale. Ils ont conduit leur pays vers la faillite et s'é...

à écrit le 07/09/2012 à 10:51
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Le précédent directeur du FMI, DSK, dans sa grande mansuétude socialiste avait analysé la crise grecque en parlant du système avantageux des retraites et avait exigé de diminuer les salaires, le nombre de fonctionnaires ETC. . . Aujourd'hui, après av...

à écrit le 07/09/2012 à 10:34
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La méthode de chiffrage de la fraude est intéressante, mais nécessite des conditions atypiques (comprendre grecque) pour donner des conclusions...

à écrit le 07/09/2012 à 9:58
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En plus des commentaires insupportables sur la Grece dont je ne prendrais meme pas le temps de repondre car cela m'insupporte. La legende de la photo s'appelle de la desinformation. En effet, les gens ne sont pas la pour demander a DEI (l'EDF local) ...

à écrit le 07/09/2012 à 9:26
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En Grèce seuls les fonctionnaires payent des impôts. Les Français en ont rêvé les Grecs l'ont fait!

à écrit le 07/09/2012 à 7:40
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J aime l expression clientélisme normal que l on pourrait tout autant appliquer à notre nouveau gouvernement !une fois que l on a compris cela on ne peut être optimiste!

à écrit le 06/09/2012 à 22:34
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Le pib de la grece etant de l'ordre de 350 milliards d'euros. Les 31% correspondent d'avantage au eatio de cette fraude de 26 milliard avec les recettes fiscales du pays?

à écrit le 06/09/2012 à 21:43
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Et après on nous explique par A+B qu'il faut leur prêter de l'argent !!!! ÇA SUFFIT DE NOUS PRENDRE POUR DES IDIOTS.

à écrit le 06/09/2012 à 19:23
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Il n'y a qu'une façon morale de supprimer la fraude fiscale : réduire les impôts jusqu'à leur niveau légitime et juste. Au delà de ce niveau légitime et juste, tout impôt supplémentaire est un vol qui engendre des comportements naturels de défense pa...

le 06/09/2012 à 20:09
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Entièrement d'accord

le 06/09/2012 à 20:18
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Qu'est ce qu'un niveau légitime ? Croyez vous qu'avec un impôt faible, les nantis ne vont pas essayer de tricher ? Non, même à 2 % d'impôt, ils checheront à avoir 1% ailleurs. C'est une question de mentalité ! On ne refera pas le monde. L'état délègu...

le 06/09/2012 à 23:06
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L impôt juste quel qu il soit ne peut pas fonctionner en Grèce. Pour accepter de payer l impôt, c est à dire de donner une partie de ses revenus à un tiers ( l état) il faut croire que ce dernier agit dans l intérêt commun. La Grèce a vécue pendant ...

le 07/09/2012 à 11:04
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Le libéralisme a fait des ravages dans les esprits, plus que la crise économique la crise du bon sens a conduit à ces raisonnements. En gréce 6 foyers déclarent plus d'1 million de revenus (oui 2x3), c'est une catastrophe. Les auteurs des commentaire...

à écrit le 06/09/2012 à 18:48
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d'un autre cote, tant que certains braillent que les allemands n'ont qu'a payer plus d'impots pour sauver la grece, ft pas trop s'etonner

à écrit le 06/09/2012 à 18:23
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N'importe quoi, relisez l'étude: ce n'est pas 31% du PIB mais 31% de leur dette. PIB de la Grece, environ 340 milliards. Fraude: 28 milliards, soit 8% du PIB pour la Grèce Pour comparer: En France, 3 ou 4% , en Allemagne 6 à 7% , en Grande Bretagne 6...

le 06/09/2012 à 20:10
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Et comment ils chiffrent ca puisque c'est de la fraude !

le 07/09/2012 à 10:29
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à jvdb: On a les champions de la statistique ,en France, avec l' INSEE !!! ILs vous trafiquent tout ET surtout l'augmentation des Prix ! Cela Tous les Français le constatent ! Leur pouvoir d'achat va tellement BIEN !!!

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