Quand le SPD conteste le projet de soutien aux PME espagnoles

Berlin propose d'offrir aux PME espagnoles des prêts à taux réduits via la banque publique allemande KfW. Un projet qui ne plaît guère aux Sociaux-démocrates, pourtant partisans d'une "relance européenne".
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Les campagnes électorales ont des raisons que la raison ignore. On sait que le SPD social-démocrate allemand, qui vient de fêter en grande pompe ses (faux) 150 ans, est l'espoir (officiellement secret) de François Hollande pour peser sur la « rigide » Angela Merkel et lui faire entendre enfin la nécessité d'une politique de croissance. Or, voici que le SPD conteste une initiative que vient de prendre le gouvernement fédéral pour soutenir la croissance espagnole.

Une proposition de taux réduits pour les PME espagnoles

Wolfgang Schäuble, le ministre allemand des Finances, a en effet changé de ton récemment en proposant à Mariano Rajoy, président du gouvernement espagnol, un dispositif visant à soutenir l'investissement des PME du royaume ibérique. L'idée est que la banque publique allemande KfW profite de ses taux très faibles pour emprunter de l'argent qu'elle prêtera ensuite à son équivalent espagnole, l'ICO. Cette dernière pourra alors financer des PME espagnole avec un taux plus faible que ceux pratiqués actuellement en Espagne. L'idée est de favoriser l'investissement des PME espagnoles qui est au point mort.

Dispositif utile ?

On peut certes contester l'ampleur de la mesure : 1 milliard d'euros qui conduirait à un effet total de 3 milliards d'euros d'effets positifs sur l'économie espagnole, selon Madrid. Mais, compte tenu de la situation de cette économie, il n'est pas d'initiative qui ne soit la bienvenue. Elle signifie également beaucoup d'un point de vue stratégique, car, pour la première fois, l'Allemagne reconnaît que la différence de taux d'intérêts au sein de la zone euro est nuisible. Jusqu'ici, Berlin n'y voyait qu'une conséquence de la mauvaise gestion des uns et de la bonne gestion des autres. Certes, là encore, on peut contester le fait que la mesure est ponctuelle et semble être un ersatz pour des mesures plus ambitieuses que pourrait prendre la BCE. Mais ce dispositif n'en est pas moins un signe d'un changement de ton que, en théorie, le SPD devrait saluer.

« Pas de chèque en blanc »

Il n'en est rien. Selon le Handelsblatt, les Sociaux-démocrates sont vent debout contre ce dispositif. La charge provient de Norbert Walter-Borjans, ministre des finances du Land de Rhénanie du Nord Westphalie et à ce titre membre du conseil d'administration de la KfW. « Il est grand temps de lutter contre le chômage et le credit crunch en Espagne », reconnaît-il, mais « sans donner de chèque en blanc. » Le responsable SPD réclame que le gouvernement allemand dispose d'un contrôle sur l'argent versé aux PME. « Il ne faudrait pas que les gens aient l'impression qu'ils peuvent emplir chez nous un seau percé », prévient-il, reprenant un argument classique des Eurosceptiques allemands qui estiment que payer pour les pays « du sud » revient à les encourager à dépenser plus. Norbert Walter-Borjans réclame surtout une « base de confiance mutuelle où l'on pourrait expliquer que l'aide efficace, la confiance et le contrôle vont ensemble. »

Arguments traditionnels des Eurosceptiques

En réalité, le responsable social-démocrate, qui est un des experts financiers les plus respectés d'Allemagne, reprend des arguments de plusieurs personnalités de droite connues pour leur euroscepticisme, comme le très libéral député FDP Frank Schäffler qui a estimé lundi que ce dispositif revenait à aider avec de l'argent public allemand les banques espagnoles au bord de la faillite. Le député CDU Klaus-Peter Willsch estimait, lui, que « fournir des taux bon marché aux PME espagnoles n'est pas la tâche de la KfW. » Certains promettent du reste une bataille juridique contre ce dispositif qui, en réalité, existe déjà dans le cadre des projets d'efficience énergétique.

Stratégie illisible

Cette réaction de Norbert Walter-Borjans montre combien le SPD peine à définir une ligne claire dans cette campagne électorale. Tout en réclamant une vraie relance en Espagne et ailleurs en Europe, les Sociaux-démocrates jouent en Allemagne la carte de l'orthodoxie budgétaire et de la défense des contribuables pour tenter de rassurer les électeurs centristes. Une stratégie que les Allemands ont bien de la difficulté à comprendre. Et c'est pourquoi le SPD peine tant à remonter dans les sondages où il reste inexorablement sous les 30 % d'intentions de vote, à dix ou quinze points de la CDU...
 

Commentaires 4
à écrit le 29/05/2013 à 7:50
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au moins Merkel et la CDU ont montré de la bonne volonté.L'SPD comme le PS chez nous sont à court d'idées,visions,programmes,etc. Mais j'ai cru que c'était Mme Merkel qui se refusait d'aider les autres! Alors c'est l'inverse, on reviens au monde.....

à écrit le 29/05/2013 à 7:05
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ah ben si meme le spd ne veut pas signer des cheques en blanc, comment va faire la france pour financer la ' retraite a 50 ans pour tous dans la justice'?

à écrit le 28/05/2013 à 22:03
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Clairement, c'est la France, principal client de l'Espagne, qui devrait aider l'Espagne. C'est dans l'ordre économique. Mais FH n'est pas sur le coup. Il préfère traquer les fuites de l'assiette fiscale quand la pression augmente. Un vrai boulot de f...

à écrit le 28/05/2013 à 21:51
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Nous pouvons aider les espagnols en agissant comme les cornacs

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