Le champion portugais de l'austérité démissionne

Le départ de Vitor Gaspar, ministre des Finances du Portugal, peut être perçu comme le signe de la volonté de Lisbonne d'infléchir sa politique. Une volonté qui inquiète déjà la troïka.
Le Premier ministre portugais Pedro Passos Coelho. Copyright Reuters

« Monsieur Austérité » s'en va! Lundi soir, le ministre des Finances portugais Vitor Gaspar, qui incarnait la politique de dévaluation interne menée par le Premier ministre Pedro Passos Coelho, a remis sa démission. Il sera remplacé à ce poste clé par Maria Luis Albuquerque, une femme de 46 ans qui occupait le poste de secrétaire d?Etat au Trésor.

Manque de soutien

Cette démission marque une inflexion dans la politique économique portugaise. En effet, Vitor Gaspar n?a pas manqué de souligner dans sa lettre de démission que « les dérapages à répétition de la politique budgétaire ont miné ma crédibilité en tant que ministre des Finances. » Avant de conclure : « Je suis convaincu que mon départ contribuera à renforcer la cohésion de l?équipe gouvernementale. » Autrement dit, sa politique de rétablissement rapide des équilibres budgétaires à tout prix ne fait plus l?unanimité au sein du gouvernement de centre-droit.

Pedro Passos Coelho semble vouloir freiner la poussée du chômage, qui a atteint en mai un taux de 17,6 % de la population active, en atténuant l?actuel projet de budget 2014 qui prévoit encore 4 milliards d?euros de coupes dans les dépenses publiques et en tentant de reprendre quelques projets d?infrastructure.


Relations tendues avec la troïka

On savait que les relations entre Lisbonne et la troïka, formée de représentants du FMI, de l?UE et de la BCE, n?étaient pas au beau fixe ces derniers temps. Cette démission le confirme. A deux semaines de l?arrivée de la troïka pour l?examen régulier de l?avancée du programme portugais, la tension risque donc de monter. Dès l?annonce du départ de Vitor Gaspar, le commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires, Olli Rehn, a rappelé à l?ordre Lisbonne en lui rappelant qu?il « est nécessaire de maintenir le rythme des réformes. »

Un mythe s?effondre


C?est qu?en réalité, le mythe du Portugal « élève modèle » de la troïka ne tient plus guère la route. Le retour du pays sur les marchés a été orchestré, de l?avis de plusieurs experts, par les banques portugaises elles-mêmes et le poids de la dette dans le budget rend peu crédible les perspectives à moyen terme de la troïka. La croissance se fait attendre et, si elle revient, elle sera fort faible, alors que la demande intérieure demeure ravagée par la politique budgétaire du pays et l?absence de perspectives. Il semble désormais inévitable que Lisbonne soit contraint de demander une « rallonge » au MES (Mécanisme européen de stabilité) une fois son programme d?aide terminé à la mi-2014. Depuis un mois, le taux à 10 ans portugais remonte fortement.

Risque politique

Reste enfin l?aspect politique. En septembre, les Portugais voteront pour des élections locales. Si les négociations avec la troïka sont trop difficiles, Pedro Passos Coelho pourrait convoquer des élections anticipées dont l?issue restera incertaine.

Commentaires 28
à écrit le 02/07/2013 à 19:10
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"La croissance se fait attendre et, si elle revient..." Comment pourrait-elle revenir quand on sait que la potion Bruxelloise non seulement ne marche pas mais, en plus, aggrave la situation économique ? Mis à part les aveugles, tout le monde peut le ...

à écrit le 02/07/2013 à 18:42
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Le Ministre des affaires étrangéres et membre du parti PP vient de demander sa démission... C'est la fin d'un gouvernement "caniche".

à écrit le 02/07/2013 à 17:10
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A la lecture du titre, je pensai, à tords, que J.M. Barroso démissionnai. QUELLE DÉCEPTION !!!!!!!!!!!

à écrit le 02/07/2013 à 14:42
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L'austérité à gogo un chemin royal pour l'arrivée du nationalisme au pouvoir, ça se confirme dans cette magnifique europe.

le 02/07/2013 à 16:30
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L'austérité à marche forcée, une autre forme de dictature!

à écrit le 02/07/2013 à 14:37
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Olli Rehn nouveau ministre portugais des finances ?

à écrit le 02/07/2013 à 14:24
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L'euro, c'est la mort à crédit et la dette ne pourra jamais être remboursée et elle ne doit pas l'être. Reprenons tous notre monnaie ou faisons une monnaie commune. La BCE ne doit pas être indépendante car elle est la banque de tous les états et pas ...

le 02/07/2013 à 19:32
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@Dexia76 : pourquoi faire une monnaie commune, l'Euro en est déjà une en plus d'être unique. La BCE ne peut qu'être indépendante car la monnaie est unique (un seul taux directeur, un seul taux de change...). Si elle dépendait des Etats, cela ne fonct...

le 03/07/2013 à 8:44
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TC Une monnaie commune n'est pas une monnaie unique. Une monnaie commune ne se substitue pas aux monnaies nationales.

le 03/07/2013 à 9:51
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l'euro ne représente pas qu'un pays , mais une fraction de 17 parmis 28 , les mécanismes d'entrées sont connus , les risques d'en sortir les politiciens les connaissent et ne veulent pas se lancer dans l'aventure nationaliste et aventurisme pour leur...

le 03/07/2013 à 19:03
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@ Dexia76 : elle est commune parce que 1 ? mis en circulation dans un pays est une créance sur la Banque Centrale de ce pays et pas sur la BCE, comme pour une monnaie nationale. D'ailleurs, ce sont bien les Banques Centrales nationales qui impriment ...

à écrit le 02/07/2013 à 13:36
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Ce ministre des finances avait raison de diminuer les dépenses publiques. Il est bien entendu critiqué et s'en va. Il a raison. A sa place, j'aurais ajouté un panneau : "Démerdez-vous avec l'Europe qui va vous achever".

le 02/07/2013 à 14:12
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Dommage Viré les fonctionnaires c'est bien beau,à condition qu'il y est à coté une activité économique solide,ces grands penseurs effectuent des réformes structurelles comme ils disent,en pleine récession,ce qu'y a le mérite de faire descendre l'écon...

le 02/07/2013 à 14:37
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C'est en privatisant les économies et en arrêtant de ponctionner le privé à de tels niveaux que l'on retrouvera la croissance. 500 000 fonctionnaires sous De GAULLE, près de 7 millions à ce jour. Vous pouvez multiplier les petits pains par miracle ?

le 02/07/2013 à 14:47
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Dommage, ce ministre n'avait qu'un seul but faire crever de faim au sens propre une majorité de portugais et faire vivre dans l'opulence une minorité de portugais. Les élites européennes auront réussi le tour de force de détruire un continent.

à écrit le 02/07/2013 à 12:53
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L'économie du Portugal est basée sur un système capitaliste. En 2005, le Rapport Global de Compétitivité publié par le Forum économique mondial place le Portugal en 22e position devant des pays et des territoires comme l'Espagne, l'Irlande, la France...

à écrit le 02/07/2013 à 11:42
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Tant qu'on sera dirigé par des scribouillards et des économistes qui prédisent le passé...

à écrit le 02/07/2013 à 10:58
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Le "bon eleve " a besoin de manger ! Cela ne sert à rien de servir d'exemple pour ces messieurs de la Troika qui se foutent de la gueule des portugais! Ils sont entrain d'utiliser le peuple portugais pour tester une nouvelle économie , pour rien . I...

à écrit le 02/07/2013 à 10:55
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C'est la meuilleur chose qui soit arrivé et que on puisse enfin infléchir de politique économique...

à écrit le 02/07/2013 à 10:54
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Retour à Salazar ! Pas d'inflation, une monnaie stable et pas de " sent le tapis dans les rues " !

le 02/07/2013 à 12:29
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Et surtout le droit de la fermer !!! ça évitera d'entendre des conneries.

à écrit le 02/07/2013 à 10:53
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Chute de L'Europe étape 1.0

à écrit le 02/07/2013 à 10:29
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Qu ils sortentde l ue, qu ils retrouvent leur liberté, qu ils impriment des escudos, et leur vie ne sera pas plus terrible que maintenant.

le 02/07/2013 à 10:47
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En parfait accord. Il faut vraiment être Qu comme nos énarcotechnocrates pour penser que l'Europe pourra fonctionner dans ces conditions.

le 02/07/2013 à 13:43
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Vous avez raison Et comment ils vont faire pour rembourser une dette en Euros forts avec des escudos dévalués ? A part être en défaut je ne vois pas comment faire. Donc jeu de dominos on efface la dette des Portugais, très bien. Puis celle des Espagn...

le 02/07/2013 à 13:57
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Il vaut mieux retrouver sa monnaie, dévaluer et repartir plutôt qu'être définitivement ruiné par cette europe de m.... Ne voyez-vous pas que c'est cuit. La France balance tous les ans 150 milliards à l'europe pour rien.

le 02/07/2013 à 14:32
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Parce que vous croyez que la France en faillite a les moyens d'aider les 28 avec, depuis hier, les Croates qui viennent de supporter 5 années de récession ??? Soyez réaliste. Ne faîtes pas comme nos gouvernants qui attendent la croissance qui ne vien...

le 02/07/2013 à 19:45
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@13:43 De toute façon, pour les pays qui sont surendettés, l'Euro ne les sauvera pas, bien au contraire. Depuis les premiers "sauvetages" des pays en difficultés, on peut constater que la dette n'a cessé de croître, même en Grèce alors même qu'elle a...

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