Le Portugal adopte un budget d'austérité qui met l'accent sur la baisse des dépenses

Les députés portugais, hués par des milliers de manifestants, ont adopté mardi un budget d'austérité très impopulaire pour 2014. L'opposition a déjà prévu de saisir la Cour constitutionnelle sur certains points, touchant la baisse des rémunérations dans la fonction publique.
En cas d'inconstitutionnalité d'une mesure d'économie, il faudra trouver l'argent ailleurs au risque pour le Portugal de devoir réclamer un nouveau plan d'aide internationale. (Photo : Reuters)

Le parlement portugais a adopté mardi le projet de budget 2014, le dernier élaboré sous la contrainte du plan d'aide de l'Union européenne et du FMI, mais, soutenue par la rue, l'opposition s'apprête à contester des éléments clés du texte devant la Cour constitutionnelle, qui pourrait remettre en cause certaines mesures d'austérité.

Manifestations intrusions d'opposants au parlement

Plusieurs milliers de personnes ont convergé la nuit dernière devant le siège du parlement pour protester contre la baisse des traitements des fonctionnaires et des pensions de retraite prévues par le budget, qui doivent s'ajouter aux augmentations de la fiscalité et aux baisses de dépenses déjà entrées en vigueur ces dernières années.

A l'intérieur même du Parlement, un petit groupe de manifestants a scandé "Démission, démission" alors que la ministre des Finances Maria Luis Albuquerque s'exprimait à la tribune.

L'opposition unie contre la coalition de centre-droit

La coalition de centre-droit au pouvoir à Lisbonne dispose pourtant d'une majorité confortable, ce qui ôtait d'ailleurs tout suspense au vote de ce mardi. Mais tous les autres partis politiques, y compris le Parti socialiste qui avait sollicité l'aide extérieure en 2011, se sont prononcés contre.

"Ce budget restera dans les mémoires comme une provocation constitutionnelle", a d'ailleurs déclaré le chef de file du PS Antonio José Seguro, avant le vote. Ainsi cette opposition unie contre la majorité a-t-elle annoncé son intention de contester plusieurs mesures de baisse des dépenses budgétaires devant la Cour constitutionnelle.

"Des surprises" possibles

"Ce qui est certain, c'est que des mesures d'austérité majeures finiront devant la Cour et je crois que cela peut déboucher sur des surprises, à la fois pour la gauche et pour la droite", a déclaré Adelino Maltez, chercheur en sciences politiques à l'Université technique de Lisbonne.

De son côté, le président portugais Anibal Cavaco Silva a déjà demandé à la Cour de se prononcer sur la réduction des pensions de retraite du secteur public, votée dans un texte distinct du budget. L'instance suprême a 25 jours pour rendre sa décision après sa saisine.

Un tiers des mesures d'économies contesté

Cette dernière a déjà censuré plusieurs mesures majeures du projet initial mais elle a approuvé lundi une disposition emblématique, le passage de 35 à 40 heures de la semaine de travail dans la fonction publique.

Ce changement n'aura toutefois qu'un impact budgétaire limité l'an prochain, alors que les autres mesures contestées représentent un total de 1,3 milliard d'euros, l'équivalent du tiers de l'ensemble des économies prévues en 2014.

En cas de rejet constitutionnel, il faudra trouver l'argent ailleurs

Le problème, c'est que le gouvernement est censé ramener l'an prochain le déficit public à 4% du produit intérieur brut (PIB) contre 5,5% cette année, en s'appuyant notamment sur le retour de la croissance, après quatre années de récession.

Tout rejet d'une mesure d'économie obligerait donc le gouvernement à trouver des solutions de rechange mais il a répété à plusieurs reprises qu'il ne disposait d'aucun "plan B". La presse a toutefois évoqué l'éventualité d'une nouvelle hausse de la TVA sur de nombreux produits.

Menace sur la fin du plan d'aide internationale

Les bailleurs de fonds internationaux (la Commission européenne, le Fonds monétaire international et la Banque centrale européenne) considèrent quant à eux les recours constitutionnels comme la principale menace susceptible d'empêcher le Portugal de sortir du plan d'aide en 2014.

"A six mois de la fin du plan d'aide, nous commençons à sortir d'une situation d'urgence et à envisager un avenir plus prometteur. Ce n'est pas le moment d'abandonner", s'est agacée mardi Maria Luis Albuquerque.

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