La Slovénie échappe à la troïka... pour l'instant

Les besoins des banques slovènes ne dépasseraient pas 5 milliards d'euros. Ljubljana promet de pouvoir faire face seule. Mais la voie sera étroite
La Slovénie souffre de son système bancaire chargée de créances douteuses
La Slovénie souffre de son système bancaire chargée de créances douteuses (Crédits : © )

La Slovénie ne devrait pas être le cinquième pays de la zone euro à demander l'aide de ses partenaires. Lundi soir, le ministre des Finances slovène a assuré à ses homologues de l'Eurogroupe que son pays pourrait « se sortir seul » de sa crise bancaire. C'est ce qu'a déclaré le président de l'Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem.

Une facture possible de 4,6 milliards d'euros

Ces assurances viendraient confirmer les informations qui circulent depuis vendredi. Un auditeur extérieur a mené des tests de résistance auprès du secteur bancaire slovène pour évaluer le besoin de recapitalisation de ce dernier. On connaîtra officiellement vendredi 13 décembre le résultat de ces tests, mais, selon la plupart des rumeurs de presse, le besoin d'argent frais devrait être compris entre 4 et 5 milliards d'euros. D'après Reuters, citant une source proche du gouvernement, la « facture » pourrait s'élever à 4,6 milliards d'euros. 

Un mystérieux investisseur est venu sauver le pays

Cette somme est largement supérieure aux 1,2 milliard d'euros que le pays a mis en réserve pour renflouer ses banques. Mais en novembre, le pays a levé 1,5 milliard supplémentaire auprès d'un unique et mystérieux investisseur. La somme à trouver serait donc de « seulement » 1,9 milliard d'euros. Mais Ljubjana espère sans doute pouvoir lever sur le marché. L'annonce de l'investisseur mystère mi-novembre a, en effet, permis une baisse notable du taux slovène à 10 ans qui est passé de 5,9 % à 5,4 %.

Le gouvernement slovène compte également sur le produit des nombreuses privatisations programmées pour parvenir à éviter le couperet de l'aide du Mécanisme Européen de Stabilité et de ses « programmes d'ajustement. »

Dette et austérité au programme

Est-ce une bonne nouvelle ? Comme à Chypre ou en Espagne, l'État slovène va prendre à son compte les besoins de capitaux des banques. Sous forme de dettes. Or, cette dette sera payée plus chère que si le MES était intervenu. Le poids du service de la dette dans le budget slovène sera donc beaucoup plus élevé qu'il ne l'est aujourd'hui.

La Commission européenne voit le poids de la dette passer de 63 % du PIB en 2013 à 74 % en 2015. On dira évidemment que les conditions imposées par le MES sont fort rudes. Certes, mais la politique des gouvernements slovènes depuis plusieurs mois est basée sur l'austérité. La hausse des impôts et les restrictions budgétaires ont conduit le pays à la récession (le PIB a reculé de 2,5 % et 2,7 % en 2012 et 2013), et à la dégradation des bilans bancaires. Cette austérité ne pourra pas être levée : il faudra rassurer les investisseurs et assurer les remboursements à venir…

Un avenir encore difficile

La voie sera donc étroite pour assurer le financement de l'État slovène dans les années à venir. D'autant que la croissance restera faible. La Commission européenne prévoit une baisse de 1 % du PIB et une timide hausse de 0,7 % l'année suivante. Ceci pèsera sur les comptes publics : le déficit devrait atteindre près de 8 % en 2014. Les investisseurs pourraient alors ne plus être aussi enthousiastes. Ljubljana n'est donc sauvée que provisoirement.

Commentaire 1
à écrit le 15/12/2013 à 8:43
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Si la Slovénie aurait fait appel au Mécanisme Européen de Stabilité, elle aurait été le sixième pays et non le cinquième comme mentionné à tort dans l'article. Il convient d'inclure la demande de l'Espagne pour le renflouement de ses banques. D'autan...

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