Relance allemande : S&P met à rude épreuve la "nouvelle donne" de Macron

L'agence de notation a réalisé une simulation sur la base d'un plan de relance allemand de 60 milliards d'euros sur deux ans. Résultat : avec 1% de PIB allemand, on n'obtient que 0,1 point de PIB français supplémentaire...
Doper la croissance allemande est-elle suffisante pour doper la croissance européenne ?

C'est la deuxième partie de la « nouvelle donne » européenne du ministre français de l'Economie Emmanuel Macron : que l'Allemagne injecte 50 milliards d'euros d'investissement dans son économie pour compenser les économies demandées à l'Etat français. L'effet « boule de neige » de cette relance purement allemande allait faire le reste.

Le plan de relance allemand, selon S&P

Ce mercredi 22 octobre au matin, une étude de l'agence de notation américaine Standard & Poor's (S&P) vient montrer que les calculs de notre ministre sont fort optimistes. S&P a réalisé une simulation sur un principe assez généreux : celui d'une augmentation des dépenses publiques de 30 milliards d'euros (un peu plus de 1 % du PIB) en 2015 et 2016, soit 60 milliards d'euros sur deux ans, répartis également entre de la consommation publique et de l'investissement public. C'est donc moins en termes d'investissements que la demande d'Emmanuel Macron. S&P se fonde, de plus, sur l'hypothèse que la politique monétaire de la BCE ne changera pas durant ces deux années. C'est aussi plus que ce que la « règle d'or » constitutionnelle allemande tolère à partir de 2016 (un déficit structurel de 0,35 % du PIB).

L'Allemagne au bord de la surchauffe

Le premier impact d'un tel plan sera d'abord sur l'économie allemande elle-même. Le PIB gagnerait 0,75 point de croissance supplémentaire après un an, 0,7 % ensuite. L'excédent courant du pays passerait ainsi de 7,3 % à 5,5 % du PIB en deux ans. S&P s'inquiète même des risques de « surchauffe » de l'économie allemande en 2016 en cas de stimulus budgétaire fort. Le surplus d'inflation fin 2017 en Allemagne par rapport aux projections de S&P pourrait ainsi en effet atteindre 1,4 point, propulsant l'inflation allemande bien au-delà de 2 %.

Surcroît d'exportations et d'emplois

Et l'effet sur le reste de la zone euro ? Il n'est pas nul, bien sûr. Le surcroît d'activité outre-Rhin va naturellement alimenter plus d'importations. S&P estime que les Pays-Bas, la Belgique et la France seront les premiers bénéficiaires de cette impulsion. Les exportations néerlandaises pourraient alors grimper jusqu'à 0,7 % de plus que prévu, celles de la France 0,55 %, celles de la Belgique 0,5 %, soit un peu moins que celles de l'Italie. Reste qu'en termes de croissance et d'emplois, l'effet sera assez faible, au final. S&P estime que le PIB de la zone euro gagnerait dans un plan de relance allemand d'un point de PIB, 0,3 point de PIB de croissance supplémentaire. 210.000 emplois pourraient être créés, soit 1,6 % de l'emploi total en zone euro, dont la moitié en Allemagne... La France gagnerait environ 9.000 emplois, soit la moitié des gains italiens.

0,12 point de croissance en France en plus

L'impact de croissance sur les grandes économies de la zone euro sera donc très faible. Seuls les Pays-Bas, économie très dépendante des exportations, pourrait connaître un effet très légèrement supérieur à celui de la moyenne de la zone euro : 0,35 point de PIB de croissance de plus. Pour les autres, les résultats de S&P sont très décevants : 0,14 point pour l'Italie et 0,12 point de PIB pour la France et l'Espagne.

Un plan paneuropéen est nécessaire

Certes, comme le souligne S&P, l'annonce d'une relance allemande aura sans doute des effets psychologiques positifs. Mais il serait faux de considérer comme le fait Emmanuel Macron que la relance allemande pour l'Allemagne est une panacée permettant à la France de réduire ses dépenses. En réalité, la zone euro n'a pas besoin de plans nationaux, mais d'une véritable solidarité où l'on n'hésite plus à « payer pour les autres. » Le désinvestissement allemand est certes notable, mais la crise et l'austérité ont détruit un immense potentiel industriel et économique dans les pays périphériques. C'est ici qu'il faut investir, y compris avec de l'argent allemand. Mais on est fort loin d'une telle politique industrielle paneuropéenne. Le plan Juncker pourrait en être l'amorce, mais sera-t-il suffisant et suffisamment bien conçu, alors que l'ancien premier ministre luxembourgeois a toujours insisté sur son idée d'investir sans augmenter la dette ?

Commentaires 25
à écrit le 23/10/2014 à 9:45
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d un autre cote, en cas de relance en RFA, il y aura plus d emploi et comme les allemands sont a pas mal d endroit (ex baviere) deja en plein emploi , il y aura du travail pour des francais, italiens ... donc indirectement moins de chomeurs en franc...

le 23/10/2014 à 10:55
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Soyez rassurés ! Les socialistes nous gouvernent et le redressement économique n'arrivera pas : ils y veillent. Ils amènent tout droit la France à devenir la digne héritière de la glorieuse RDA ! Merci, notre bon gouvernement !

à écrit le 22/10/2014 à 22:52
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Incroyable que la France souhaite absolument exporter ce concept! Le "new deal" devrait être le salut du dernier instant, dommage que ce "deal" dépend d'une relance maintenant des pays "partenaires" enfin je corriges, le pays, le seul. Le problème, c...

le 23/10/2014 à 0:25
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Bien vu !

à écrit le 22/10/2014 à 22:48
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Tout ceci est de l'enfumage pour éviter de réformer l'état et ses fonctionnaires et régimes spéciaux. Si j'étais allemand, j'enverrai paître la France.

le 23/10/2014 à 2:38
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Faire croire que cela va mal en France a cause de l'Allemagne, alors que nous avons plombe notre competitivite tous seuls avec une administration plethorique, peu efficaces, et extremement bien dotee en ce qui concerne les pensions de retraite.

à écrit le 22/10/2014 à 21:24
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les commentateurs sont aussi démunis que les commentés, hue hue hue hue !

à écrit le 22/10/2014 à 20:30
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l´Allemagne ne se comtentera pas du zéro budgétaire elle vise l´excédent vertueux qui permettra de baisser les impôts et d´augmenter le pouvoir d´achat pour....enfin arriver á la prospérité, le pays où coule le lait et le miel...!

à écrit le 22/10/2014 à 19:01
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S&P est un peu rude et n'envisage à mon avis pas la dynamique européenne. 1- l'allemagne seule ce n'est pas sans doute pas suffisant d'autres pays du nord pourraient l'accompagner 2- quid de l'effet d'entrainement sur les autres économies l'article e...

à écrit le 22/10/2014 à 15:22
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Le plan de relance allemand, s'il se concrétise, aura de l'importance, pour les autres pays de la zone euro, simplement par le fait d'exister, et de prouver ainsi que l'austérité n'est pas le seul remède à la crise européenne. La relance et l'espoir ...

le 22/10/2014 à 16:53
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dans le pire des cas les allemands peuvent effectivement relancer chez eux, avec un deficit nul l'an prochain... ca n'est pas le cas des francais qui seront a 5% de deficit les 2 prochaines annees... voila ce que c'est quand on choisit la glandouille...

le 22/10/2014 à 18:10
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+1 qd a l'analyse du pseudo Churchill, c'est meme pas a la hauteur d'un pseudo Churchill.

le 22/10/2014 à 18:25
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Ils peuvent se permettre EUX car ils n'ont pas de déficit et des dépenses publiques de 46% du PIB contre 57% la France. Bref, voir cette France socialiste en plein déclin vouloir tenir la dragée haute à Berlin est ridicule et dérisoire. Ce pays ne s...

à écrit le 22/10/2014 à 15:01
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Mr Junker investi à ..ou investi Strasbourg à l'instar des Huns venus en voisins des Chinois disait on au XVIII ème Siècle.Mr Junker: l'Attila désigné pour instaurer une UE empirique Hunnique: soyons attentifs aux 1ers Résultats descendus de la Macro...

à écrit le 22/10/2014 à 13:43
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les gaulois sont dans la merde ... Seule solution reprendre la main mise sur notre TERRITOIRE ! Les illuminés qui nous gouvernent depuis 25 ans doivent disparaître .

à écrit le 22/10/2014 à 12:59
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Les Allemands travaillent pour l'Allemagne et certainement pas pour l'état français qui est un fléau pour le continent. Bravo l'Allemagne !

le 22/10/2014 à 13:56
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Bravo, Polo ! (Emploi)

à écrit le 22/10/2014 à 12:55
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Macron ferait mieux de réformer notre pays au lieu de donner des conseils aux allemands qui sont quand même les champions économique de l europe

à écrit le 22/10/2014 à 12:54
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c´est sur avec le patriotisme économique allemand les retombées sur ses partenaires européens seront très faible.

le 22/10/2014 à 16:55
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exact! quand vous achetez un produit allemand en allemagne, et que vous en etes fier, personne au spd ne vous traite de front national ( ' republikaner', de l'autre cote du rhin) faut recolter ce qu'on a seme, hein? ;-)

le 22/10/2014 à 22:48
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oui sauf que c'est bien un socialiste qui a remit au goût du jour le made in France. J'ai perso pas voté pour les socialistes mais je pense que Arnaud Montebourg a eu raison d'essayer de mettre cela en avant.

à écrit le 22/10/2014 à 12:39
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Les agences américaines n'ont pas le moindre intérêt à une relance en Europe, surtout pas en venant de l'Allemagne qu'elles savent déjà en faisant les beaux yeux vers l'Eurasie. Donc il trouveront toujours des alibis, des analyses bidonnées pour dire...

le 22/10/2014 à 13:21
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Les agences de notation se fichent de l'évolution économique, ce sont des auditeurs et rien d'autre...

le 22/10/2014 à 13:33
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Des auditeurs !!!! et en toute impartialité, bien sûr !!! non mais, la naïveté de certains commentaires me laisse pantois...

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