Klaus Iohannis, le président roumain qu'on n'attendait pas

Le candidat de centre-droit a surpris tout le monde en rattrapant les 10 points de retard qu'il avait sur le Premier ministre social-démocrate. Une cohabitation s'ouvre à Bucarest jusqu'aux prochaines élections législatives prévues en 2016.
Klaus Iohannis, le candidat centre-droit, a remporté l'élection présidentielle roumaine grâce au vote des ressortissants à l'étranger.

Coup de théâtre. Le chrétien libéral Klaus Iohannis a, contre toute attente, remporté l'élection présidentielle roumaine dimanche 16 novembre, infligeant une rude défaite au Premier ministre Victor Ponta. Un résultat qui a conduit des milliers de manifestants à descendre dans les rues pour protester contre le gouvernement.

Les Roumains de l'étranger ont inversé la tendance

Issu de la minorité allemande, Klaus Iohannis, dont la candidature était soutenue par deux partis de centre-droit, a comblé un retard de dix points pour sortir vainqueur du second tour du scrutin, vraisemblablement aidé par des Roumains à l'étranger exaspérés par les difficultés rencontrées pour prendre part au vote.

Nombre d'experts avaient dit qu'une victoire de Victor Ponta aurait aidé la Roumanie à devenir un pays plus stable, avec tous les leviers du pouvoir détenus par un même camp.

Crise constitutionnelle

En tant que Premier ministre, Victor Ponta s'est fréquemment retrouvé en conflit avec son grand rival, le président sortant Traian Basescu, et cette difficile cohabitation a entravé l'application d'une politique et débouché sur une crise constitutionnelle.

Soutenu par une machine électorale bien rodée, Victor Ponta, membre du parti social-démocrate, a été en tête des sondages d'opinion pendant toute la campagne et avait, avec 40,4% des suffrages, remporté haut la main le premier tour du scrutin, organisé le 2 novembre.

Participation record

Mais, après les premiers sondages sortis des urnes, le Premier ministre a très vite reconnu sa défaite. Selon des premiers résultats officiels publiés au cours de la soirée, après le dépouillement dans plus des trois quarts des bureaux de vote, Klaus Iohannis a gagné 54,8% des voix contre 45,2% pour Victor Ponta. La participation à l'élection fut la plus élevée depuis 1996.

"Chers Roumains, vous avez été fantastiques aujourd'hui. Nous avons observé une participation massive et je salue la diaspora", a déclaré Klaus Iohannis avant de rejoindre la foule dans le centre-ville de Bucarest.

La Roumanie partie pour une cohabitation

Malgré sa défaite, Victor Ponta a exclu de démissionner, ajoutant que son alliance sociale-démocrate resterait au pouvoir jusqu'aux prochaines élections législatives, prévues en 2016.

"J'ai appelé M. Iohannis et l'ai félicité. Je démens les rumeurs selon lesquelles je vais démissionner dans la mesure où aucun de mes collègues ne m'a demandé de le faire. Je n'ai pas de raisons de démissionner", a dit Victor Ponta.

Des milliers de personnes dans les rues de Bucarest et dans d'autres villes de Roumanie ont pourtant réclamé sa démission.

Ancien procureur et pilote amateur de rallye automobile, celui qui, à 42 ans, dirige le gouvernement depuis 2012, s'est efforcé de séduire l'électorat avec des promesses de baisse d'impôts et de hausse des pensions de retraite.

Une meilleure santé économique

La Roumanie, pays de 20 millions d'habitants, émerge d'une période d'austérité budgétaire imposée lors des années de crise financière internationale. La croissance est remontée à plus de 3% en rythme annuel au troisième trimestre de cette année, mais la corruption et la fraude fiscale sont toujours des maux endémiques, au grand dam de l'Union européenne.

La fonction de président a été créée à l'époque du numéro un communiste Nicolae Ceausescu, en 1974, et son détenteur nomme le Premier ministre, les magistrats et les procureurs. Il est aussi à même, comme cela fut le cas ces dernières années, de faire échec à certains projets du gouvernement en place.

Nouveaux blocages politiques en vue

Comme Traian Basescu, Klaus Iohannis, maire de Sibiu, ville de Transylvanie dont il a fait un centre touristique, sera confrontée à majorité parlementaire hostile, ce qui risque de conduire à de nouveaux blocages politiques.

Ce professeur de physique de 55 ans a promis pendant sa campagne de préserver l'indépendance du système judiciaire et de consolider les progrès précaires accomplis dans la lutte contre la corruption. Il s'est également engagé à mettre en oeuvre des réformes économiques et à changer le système de santé et celui de l'éducation.

La colère des ressortissants à l'étranger

Les électeurs résidant à l'étranger ont largement contribué à faire basculer le vote, l'importante diaspora roumaine étant dans son ensemble considérée comme hostile à Victor Ponta.

"Victor Ponta a fait plusieurs erreurs stratégiques. L'une d'entre elles a été d'avoir ostracisé la diaspora", a déclaré Sergiu Miscoiu, analyste chez le centre de réflexion CESPRI.

Un grand nombre de Roumains vivant hors de leurs frontières avaient manifesté leur colère lorsque des queues interminables et des tracasseries administratives les avaient empêchés de participer au premier tour de l'élection présidentielle. Cette colère avait entraîné la démission du ministre des Affaires étrangères et suscité des manifestations dans plusieurs villes roumaines.

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Commentaires 4
à écrit le 17/11/2014 à 13:29
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Mon ex-mari ici à Toulouse a voté lui-même pour Iohannis et je suis contente que ce soit cette personne qui l'ait remporté!

à écrit le 17/11/2014 à 12:38
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Je suis TRES deçue par cette présentation des faits!!! Victor Ponta représentait un réel danger pour la démocratie en Roumanie..... issu du parti social-démocrate, ancien parti communiste, parti héritier du dictateur Nicolae Ceausescu, où règne la co...

à écrit le 17/11/2014 à 11:55
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Sibiu ( ex Hermanstadt) est une ville moderne avec une infrastructure et une économie florissante. Pas de mystere : c´est le travail de Klaus Iohanisa qui su developper des contacts avec de nombreux politiques allemands et l industrie allema...

à écrit le 17/11/2014 à 11:09
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Comment un journal comme La Tribune peut être aussi superficiel dans le traitement de l'information: qui sont les nombreux experts qui affirment qu'une victoire de Ponta "aurait aidé la Roumanie"..., alors que tous les intellectuels ont soutenu la ca...

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