Le vote des classes moyennes, enjeu de la présidentielle de 2012

Les classes moyennes, particulièrement touchées par la crise économique, seront au cœur de l'élection de 2012. Historiquement ancrées à gauche, sensibles à certaines thématiques de prédilection de la droite, tentées successivement par le centre et les Verts, pour qui voteront-elles ?
Après avoir cédé aux sirènes centristes au premier tour de l'élection présidentielle de 2007, les classes moyennes ont voté majoritairement pour Ségolène Royal lors du second tour. (Reuters)

Les classes moyennes sont un "enjeu décisif pour la conquête du pouvoir", explique Elisabeth Dupoirier, directrice de recherche au Cevipof (Sciences Politiques), dans un article pour la Fondapol, la Fondation pour l'innovation politique.

Les classes moyennes, qui ont un sentiment aigu de leur identité collective, s'insèrent entre les classes populaires et les classes aisées en termes de métiers et de revenus. Ces derniers oscillent entre 2.300 et 5.300 euros nets mensuels, ou entre 1.500 et 2.500 euros, selon les définitions, ou selon que l'on intègre ou pas les classes moyennes supérieures. 

Fidélité au PS

Sur le plan politique, elles furent courtisées par la gauche comme par la droite, relate Elisabeth Dupoirier. Valéry Giscard d'Estaing s'y cassa les dents dans les années 70, avant que François Mitterrand ne réussisse à les réunir sous la bannière d'une large coalition d'Union de la gauche, en 1981. De cette époque émergea leur "fidélité indéfectible" au PS, fidélité qui déclina sous les années Chirac pour s'effondrer lors de l'élection de Nicolas Sarkozy en 2007.

L'élection de 2007 fut marquante à double titre : leur "tentation centriste" du premier tour (24% des électeurs des classes moyennes votèrent pour François Bayrou), et leur soutien massif à Ségolène Royal au second (elles furent le seul corps électoral à voter majoritairement pour cette dernière, à 54%).

Depuis les élections européennes de 2009, "ce sont les Verts, alliés aux associations environnementalistes sous la bannière d'Europe Ecologie, qui sont devenus les favoris des classes moyennes", souligne Elisabeth Dupoirier.

Leur insatisfaction à l'égard du PS est encore montée d'un cran lors de la crise financière 2008, selon la directrice de recherche du Cevipof, qui cite une enquête d'opinion TNS/Sofres pour Le Monde, datée de novembre 2008. Le comportement des socialistes lors de cette crise les a moins satisfait encore que celui de l'UMP : 25% de satisfaction pour le PS, 37% pour l'UMP !

Car si la gauche est l'ancrage naturel des classes moyennes, une série d'éléments les rapproche de la droite, rappelle Dominique Reynié, directeur de Fondapol. Parmi ces éléments, l'attachement à la propriété et l'exaspération face à la pression fiscale et notamment aux impôts locaux.

Un vote incertain pour 2012

Vers qui se tourneront les classes moyennes lors de l'élection présidentielle de 2012 ? L'incertitude quant à leur vote est d'autant plus grande qu'elles ont le sentiment de payer les pots cassés de la crise.

Les classes moyennes supérieures ont le sentiment que "leur marche ascensionnelle est bloquée", expliquait Dominique Reynié lors d'un colloque organisé par sa fondation mardi. Quant aux classes moyennes inférieures, elles "se battent" pour maintenir leur mode de vie, tenaillées par la crainte de glisser vers les classes modestes, dont elles sont souvent issues.

A la peur du chômage s'est ajouté celle de la mondialisation, des délocalisations, de l'immigration... Il y a une possibilité pour qu'une partie des classes moyennes vienne alimenter le vote des groupes politiques protestataires, à gauche, mais aussi à l'extrême droite, soulignait Dominique Reynié en conclusion.

La classe politique ne s'y trompe pas. "Aujourd'hui, la priorité n'est pas de faire davantage encore pour les plus défavorisés qui bénéficient déjà de notre système de protection sociale très généreux, elle est de consolider la place des classes moyennes qui ont été secouées dans la crise. Le sujet sera au c?ur du rendez-vous de 2012", déclarait Laurent Wauquiez, secrétaire d'Etat en charge des Affaires étrangères et européennes, dans Le Parisien de mardi.

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