Dernier galop d'essai avant élection présidentielle. La majorité peut bien protester, les élections cantonales - qui se tiennent ce week-end et le suivant - n'auront pas qu'une portée locale. A l'issue de ce scrutin qui vise à renouveler 2.000 conseillers généraux, les états-majors des partis disséqueront de très près les résultats. Tout d'abord chacun cherchera à y voir l'état du rapport de force entre la droite, la gauche et le Front National. Selon un sondage Harris Interactive, la gauche, avec 32% des intentions de vote, devancerait la droite (28%) et le parti de Marine Le Pen (15%).

Pour cette dernière, dont ce sera la première élection en tant que chef de Parti, ce sera l'occasion de tester la réalité de sa popularité. Un bon score du Front national relancera sans doute aussi les supputations sur le risque d'un nouveau 21 avril 2002 pour la gauche ou d'un 21 avril à l'envers pour la droite.

Si ce scrutin donnera une idée précise de la recomposition du paysage politique français, il pourrait aussi avoir quelques conséquences sur le plan national. D'abord parce que le "troisième tour", à savoir l'élection des présidents de conseil généraux, sera très important compte tenu du jeu des alliances. Ensuite, ces élections pourraient influencer le résultat des prochaines sénatoriales - en septembre - et participer à un éventuel basculement de la chambre haute dans l'opposition. Enfin, parce qu'en cas de perte de la Corrèze, François Hollande a d'ores et déjà annoncé qu'il abandonnerait la course à la primaire socialiste. Cependant, même si quelques départements notamment la Seine-et-Marne et le Val-d'Oise en région parisienne seront surveillés de près, les partis ne tablent pas aujourd'hui sur de grands bouleversements.

Enjeu électoral

Pour autant, la concomitance de ce scrutin avec la crise nucléaire majeure actuelle, pourrait aussi rebattre les cartes au sein même de la gauche. Même si le scrutin local ne leur est pas favorable, les écologistes d'Europe Ecologie Les Verts (EELV), qui se voient crédités de 9% intentions de vote, entendent bien profiter des cantonales pour mettre un peu plus la pression sur le Parti socialiste avec en ligne de mire la présidentielle.

Enfin le dernier enjeu de cette élection réside dans la mobilisation des électeurs. L'abstention sera-t-elle plus ou moins importante que lors des dernières élections régionales de l'an dernier (soit 53,67%) ? Dans une récente enquête OpinionWay, deux sondés sur trois appelés à voter les deux prochains dimanches se déclaraient peu ou pas intéressés par ce scrutin.