Le point sur ... la stratégie d’investissement

Les rendements des emprunts d'Etat à long terme se sont sensiblement accrus au cours des derniers jours aux Etats-Unis et en Europe. Ce phénomène présente-t-il un risque pour les marchés actions ? Remarquons tout d'abord que les emprunts d'Etat reflètent moins bien que par le passé les anticipations d'inflation du marché, notamment aux Etats-Unis. Les programmes de rachat de dette publique mis en oeuvre par les Etats-Unis et par quelques pays européens ont faussé l'évolution des taux en provoquant une raréfaction de l'offre de titres. C'est pourquoi il est préférable de se tourner vers les taux de swaps, qui reflètent les conditions de financement des sociétés privées sur le marché obligataire. Sur ces produits, on a effectivement constaté d'importantes hausses des rendements au cours des dernières semaines. Les tensions sur les taux longs se traduisent habituellement par une dégradation des marchés actions. En accroissant le coefficient d'actualisation des cash flows futurs, la hausse des taux provoque une révision à la baisse des niveaux de valorisation des sociétés cotées. De plus, le risque existe que les investisseurs procèdent à une réallocation de leurs capitaux des actions vers les obligations, à mesure que le rendement de ces dernières s'améliore. Cependant, certaines sociétés sont plus sensibles que d'autres aux mouvements des taux longs. Ceci favorise une rotation sectorielle des capitaux, au détriment des entreprises les plus directement touchées par la hausse des taux. Le secteur des assurances, par exemple, devrait subir de plein fouet les tensions sur les taux alors qu'il avait bien performé au cours des dernières semaines. Des inquiétudes pourraient également resurgir sur les niveaux de valorisation de certaines valeurs de croissance. Dans un tel environnement, la prudence s'impose. Je m'oriente vers une stratégie défensive qui consiste à privilégier des valeurs comme Saint Gobain, qui présentent un taux de croissance élevé de leurs résultats, tout en gardant un PER raisonnable.Les valeurs européennes et américaines du secteur des TMT ont généralement annoncé de bons résultats au 1er trimestre de leur exercice 2000. Est-ce le signe précurseur d'un retour en grâce des titres de la Nouvelle économie ?Les valeurs du secteur des TMT ont déjà connu un rebond conséquent depuis leurs plus bas du mois d'avril. Les sociétés d'infrastructures, comme Alcatel, ou de médias continuent d'attirer les investisseurs. Je suis un peu plus inquiet sur les perspectives des opérateurs téléphoniques. Le coût exorbitant des licences UMTS risque de peser sur les résultats financiers de ces sociétés dans les prochaines années. De plus, l'offre de titres devrait devenir pléthorique en Europe avec, notamment, la mise sur le marché d'une nouvelle tranche de Deutsche Telekom et l'introduction de la filiale internet de France Telecom. L'afflux de papier est d'ailleurs un problème pour l'ensemble du secteur des TMT. Sur le Nasdaq, ce phénomène est devenu chronique. La fin des lock up (périodes de 12 à 18 mois au cours desquelles les actionnaires d'une société nouvellement introduite ne peuvent pas revendre leurs titres) pourrait donner lieu, en mai, à la mise sur le marché de nouveaux titres pour un montant de 145 milliards de dollars, trois fois plus qu'aux mois de mars et avril.Les marchés actions européens pourraient-ils résister à une nouvelle correction des marchés américains ?Les indices européens ont assez bien résisté à la tourmente boursière observée aux Etats-Unis entre la mi-mars et la mi-avril. J'en veux pour preuve le nouveau record affiché par le CAC à la clôture de la séance de mardi dernier. En outre, la faiblesse de l'euro constitue assurément un facteur de résistance des bourses européennes. Elle améliore la compétitivité des entreprises de la zone, tout en rendant les titres européens plus attractifs pour les investisseurs étrangers. Aux Etats-Unis, les perspectives boursières sont obscurcies par plusieurs déséquilibres macro-économiques. La résurgence des tensions inflationnistes pourrait d'ailleurs inciter la Réserve fédérale à opter pour un resserrement rapide des conditions de crédit. De plus, les résultats des entreprises, qui ont été excellents au cours des deux derniers trimestres, pourraient se dégrader à mesure que le ralentissement économique se concrétisera.
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