Le point sur ... la conjonc- ture économique

Vous écriviez récemment que la croissance européenne avait atteint un pic au premier semestre 2000. Est-ce à dire que nous nous dirigeons aujourd'hui vers une phase de ralentissement marqué de l'activité ?Nous attendons effectivement une légère décélération de l'activité au 2ème semestre, où le produit intérieur brut de la zone euro devrait croître sur un rythme de 3% contre 3,8% au 1er semestre. Ce ralentissement provient principalement d'un tassement de la consommation des ménages. Facteur déterminant de la croissance économique, la consommation est affectée par l'enchérissement des prix des produits pétroliers, qui pèse sur le pouvoir d'achat et sur le moral des ménages. Rien de véritablement inquiétant dans ce trou d'air, toutefois. Nous tablons, pour 2001, sur une croissance de 3,2%, soit seulement 0,3 point de moins qu'en 2000. Bien plus, nous prévoyons, dès le 1er semestre 2001, un rebond de la consommation des ménages, notamment en Allemagne où elle est en retard sur le reste de la zone euro. Autre facteur favorable, le prix du pétrole devrait progressivement se stabiliser, voire légèrement décroître. La croissance européenne reste donc soutenue par de très bons fondamentaux et le ralentissement ne devrait être que temporaire.L'Union économique et monétaire profite-t-elle de la faiblesse actuelle de sa monnaie ?A court terme, l'intérêt est évident pour les entreprises exportatrices. A moyen terme, par contre, la dégringolade de l'euro engendre de l'inflation importée. La flambée du pétrole a notamment été accélérée, dans l'Euroland, par la dépréciation de la monnaie unique contre le dollar. Résultat, la hausse du prix des produits importés a atteint au cours des derniers mois un niveau sans précédent depuis plus de dix ans en Allemagne. Nous pensons que la valeur d'équilibre de l'euro se situe aux alentours de 1,1 dollar. Plusieurs facteurs empêchent toutefois la monnaie unique de rebondir. Sur le plan structurel, l'Euroland continue de souffrir d'énormes sorties de capitaux, notamment vers les Etats-Unis. Celles-ci ont toutefois commencé à se tarir grâce à la réduction du différentiel de taux d'intérêt entre les deux zones. Les autres causes de la faiblesse de l'euro sont bien connues : cacophonie des autorités politiques et monétaires, traitement négatif de l'euro par la presse britannique et manque de coordination des politiques économiques dans la zone.Pourrait-on voir la BCE relever brutalement ses taux d'intérêt pour prévenir toute résurgence inflationniste dans la zone euro ?La menace inflationniste ne doit pas être exagérée. L'inflation sous-jacente, qui exclut les secteurs de l'énergie et de l'alimentation, reste à un niveau relativement bas dans l'Euroland, aux alentours de 1,3% en glissement annuel. La principale mission de la BCE est de prévenir l'enclenchement d'une boucle prix/salaires. Dans ces conditions, nous pensons que Wim Duisenberg et ses pairs se contenteront d'une hausse de 50 points de base de leurs taux d'ici la fin du 1er trimestre 2001, et opteront par la suite pour le statu quo. Il n'existe donc pas de risque que la BCE « casse » une croissance européenne bien engagée.
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