La BCE relève d'un demi point le "Refi"

Après deux pauses consécutives au cours du mois de mai, la Banque centrale européenne a procédé aujourd'hui à un important resserrement de sa politique monétaire, portant le taux " Refi " - utilisé pour les opérations de refinancement des établissements bancaires - de 3,75 % à 4,25 %. Cette décision était pour le moins inattendue. Les analystes consultés par l'AFP en fin de semaine dernière anticipaient certes un relèvement des taux, mais pas de cette ampleur. Sur les 40 experts interrogés, 36 prévoyaient une hausse de seulement un quart de point. Cette décision porte donc à 175 points de base la hausse des taux mise en oeuvre par la BCE depuis le mois de novembre 1999. A titre de comparaison, la Réserve fédérale a augmenté le loyer de l'argent de 175 points de base depuis juin dernier et la Banque d'Angleterre s'est limitée à une hausse de 100 points de base depuis septembre 1999.Il faut dire que les arguments ne manquent pas à la BCE pour justifier un nouveau resserrement de sa politique monétaire. Elle pourra d'abord arguer de l'expansion rapide de la masse monétaire M3 dans la zone euro, dont le taux de croissance en glissement annuel a atteint 6,5 % en avril. Ce chiffre reste bien au-dessus de la référence retenue par la banque centrale (4,5 %), niveau qui est censé garantir une situation de stabilité des prix, c'est à dire un taux d'inflation inférieur à 2,0 % en moyenne annuelle. En relevant ses taux de façon agressive, la BCE apporte également un nouveau soutien à la monnaie unique sur le marché des changes. L'euro a en effet entamé, au cours des deux dernières semaines, un rebond brutal qui lui a permis de regagner plus de 8 % contre le dollar par rapport à son plus bas historique du 4 mai dernier (0,8846 USD). La réaction des cambistes ne s'est d'ailleurs pas fait attendre : quelques minutes après la publication du communiqué de la BCE, la monnaie unique cotait 0,965 dollar, contre 0,958 USD vers 13h30. Cette remontée de l'euro présente en outre l'avantage de limiter les risques d'inflation importée, et recoupe donc l'objectif de stabilité des prix imposé à la BCE par le Traité de Maastricht.Les gouverneurs ne peuvent plus ignorer, d'autre part, la multiplication des signes de reprise dans l'Euroland, notamment en Allemagne, le plus grand des Etats-membres. Le taux de chômage allemand, publié ce matin, est ainsi passé de 9,8 à 9,3 % entre les mois d'avril et de mai. Dans le même temps, le nombre des demandeurs d'emplois, en données corrigées des variations saisonnières, a reculé de 27.000, surpassant les anticipations des économistes. La Bundesbank a enfin annoncé jeudi que la production industrielle allemande avait progressé de 1,5 % au mois d'avril, effaçant la performance médiocre du mois précédent. Pour l'ensemble de la zone euro, les principaux organismes internationaux de prévision économique ont relevé récemment leurs prévisions de croissance. L'OCDE anticipe désormais une progression de 3,5 % de l'activité dans l'Union économique et monétaire en 2000, en hausse de 0,7 point par rapport à sa précédente estimation.Au-delà de leur décision de politique monétaire, les gouverneurs ont modifié aujourd'hui les modalités des opérations de refinancement des banques, passant d'un système à taux fixe à un système à taux variable. Selon le système en vigueur, ces opérations sont effectuées au taux de 3,75 % pour tous les établissements. Mais, du fait de l'énorme demande de liquidités, les banques sont tentées de surévaluer jusqu'à cent fois leurs requêtes pour être certaines d'en obtenir le volume désiré. Avec un taux variable, la concurrence ne se fait plus sur le montant des demandes mais sur le niveau des taux offerts par les banques demandeuses. Un tel système favorise donc l'accès des petits établissements aux liquidités.
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