En avance sur leur calendrier initial, Jean-Marie Messier, PDG de Vivendi, et Chris Gent, le patron de Vodafone, ont présenté mercredi après-midi les structures et les ambitions de leur "portail multi-accès" commun, dont la naissance avait été annoncée fin janvier, en plein suspense sur la reprise de Mannesmann par Vodafone. Le nom de code de ce portail, "MAP", est abandonné au profit de "Vizzavi", une marque censée refléter la volonté de ses créateurs de faire de leur bouquet de services "l'alter ego, le jumeau amical, le compagnon fidèle et inventif" de ses utilisateurs, pour reprendre les termes de Jean-Marie Messier. Le lancement commercial en France est prévu le 19 juin, avec d'ores et déjà plus de 200 services disponibles, de l'état du trafic routier aux voyages en passant par l'information générale, la bourse, le sport, les jeux, etc. Vizzavi deviendra la page d'accueil par défaut de tous les téléphones Wap commercialisés par les partenaires et des abonnés aux fournisseurs d'accès à Internet du groupe. Accessibles dès son lancement sur Internet, ses services seront mis à la disposition des abonnés de Canal+ en fin d'année. Vizzavi, détenue à 50-50 par chacun des deux groupes, sera présidée par Evan Newmark, qui dirigeait jusqu'à présent les activités de conseil de Goldman Sachs dans le secteur mobile (il a notamment travaillé pour Vodafone, Mannesmann et NTT DoCoMo). Son siège sera situé à Londres. Les filiales nationales seront détenues à 80% par Vizzavi, le solde étant aux mains des opérateurs nationaux (SFR et Canal+ en France, Vodafone UK au Royaume-Uni, D2 en Allemagne, Omnitel et Telepiu en Italie). Sur un plan financier, les actifs des portails existant et les ressources des opérateurs de Vodafone et de Vivendi seront transférés à Vizzavi, à l'exception des portails verticaux de VivendiNet. L'investissement de départ est de 200 millions d'euros, répartis à égalité entre les deux groupes.L'accord sur le partage des revenus, lui, prévoit que 100% des recettes au titre du seul accès au portail iront aux opérateurs nationaux, tandis que la marge brute, issue de la publicité, du commerce électronique et des frais de souscription aux services Web, seront partagés à 50-50 entre Vizzavi et les opérateurs. Ouvert dans un premier temps en France et au Royaume-Uni, Vizzavi doit être lancé avant la fin de l'année en Allemagne et en Italie. A terme, il sera présent dans 14 pays européens. "Nous devons profiter des 12 à 18 prochains, qui offrent plusieurs opportunités unique, explique Evan Newmark : la hausse rapide du taux de pénétration des PC, le lancement de la technologie mobile GPRS et la généralisation de la télévision numérique". La création de Vizzavi aura indirectement des conséquences sur le capital de Cegetel, ont par ailleurs précisé Chris Gent et Jean-Marie Messier. Vodafone a en effet proposé à Vivendi de reprendre la participation de 15% de Mannesmann dans Cegetel (et plus seulement la moitié de cette participation, comme annoncé en janvier). Vivendi s'est déjà engagé à racheter la moitié de ce paquet d'actions (ce qui portera sa participation dans Cegetel à 51,5%) et discute actuellement d'une éventuelle répartition des 7,5% restant entre les actionnaires actuels de Cegetel, dont BT, qui pourrait donc se renforcer dans le capital de l'opérateur français. A propos des licences UMTS, Jean-Marie Messier a annoncé que Vivendi avait décider de retirer sa candidature à une licence en Allemagne. Le groupe estime en effet que la méthode d'attribution des licences choisie par Berlin est "excessivement coûteux pour un nouvel entrant". Concernant les licences françaises, Jean-Marie Messier a précisé que le candidat à l'attribution serait SFR, "et SFR seul". Il s'est interrogé sur le bien-fondé de la vente des enchères, sous quelque forme que ce soit, vente qu'il compare à "un impôt virtuel sur le consommateur, puisqu'il s'agit d'un impôt sur des activités qui n'existent pas encore".

latribune.fr

20 Oct 2008, 10:56

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