Hervé Goulletquer : "Il faut s'interroger sur la politique de communication de la BCE"

latribune.fr - Comment réagissez-vous à la décision de la BCE de réduire d'un quart de point ses taux d'intérêt ?Hervé Goulletquer - C'est évidemment une surprise. La Banque centrale européenne a changé son fusil d'épaule alors qu'elle tenait jusqu'à maintenant un discours assez dur autour de l'inflation. Maintenant, elle envoie un message plus rassurant notamment concernant la croissance de M3, premier pilier de sa politique monétaire, et baisse ses taux. Que la BCE change d'avis, cela peut se comprendre mais il faut s'interroger sur sa politique de communication. Surprendre quand l'environnement économique est difficilement lisible et qu'on est une jeune institution en quête de crédibilité, c'est plus contestable. Je pense que, si sur le fond on peut se féliciter du geste, la BCE aurait pu procéder en deux temps: tout d'abord, préparer les marchés en les informant des moindres pressions inflationnistes, ensuite, agir. Cela aurait renforcé la confiance des investisseurs envers la BCE alors que dans le cas présent on assiste à la situation contraire, avec des conséquences, sans doute ponctuelles, sur l'euro (ndlr : la monnaie européenne a touché un plus bas de trois semaines contre le dollar à la suite de la décision de la BCE). Une baisse d'un quart de point est-elle suffisante ?Puisque la Banque centrale européenne pense agir tôt, alors réduire de 25 points de base c'est bien. De plus, cela laisse une marge de manoeuvre pour la suite. Maintenant que la BCE a enclenché le mouvement, elle devrait poursuivre sur sa lancée d'autant qu'elle a toujours répété qu'elle n'était pas une adepte du "fine tunning". Dans ces conditions, j'estime qu'elle a encore 50 points de base sous le pied. La question est de savoir à quel rythme. Moi, je penche pour une baisse de 25 points en juin et une autre de 25 en juillet.Hormis la correction de M3 qui passe sous la valeur de référence de la BCE en mars, quels éléments ont d'après-vous conduit la BCE à agir ?Tous d'abord, les chiffres allemands publiés cette semaine sur les entrées de commandes et sur la production industrielle ont témoigné une fois de plus des difficultés que traverse l'Allemagne. Mais la BCE n'a pas pris sa décision en fonction d'un seul pays. L'institut est sans doute convaincu que désormais le ralentissement est en train de faire tache d'huile. Les enquêtes auprès des directeurs d'achat, notamment en France, ont conforté l'hypothèse d'une généralisation de l'affaiblissement dans l'ensemble de la zone euro.
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