Et le PEA dans tout ça …

Les fleurons de la cote françaises font feu de tout bois... Quand ils ne se rapprochent pas entre eux, ils prennent d'assaut leurs concurrents hors des frontières et deviennent parfois la cheville ouvrière d'une réorganisation de leur secteur à l'échelle européenne. Pas une semaine sans une opération d'envergure ! Après l'annonce du mariage entre Legrand et Schneider, Lafarge voyait ses efforts pour prendre le contrôle du britannique Blue Circle enfin couronnés de succès tandis que, ce matin, Usinor, l'espagnol Aceralia et le luxembourgeois Arbed ont présenté les modalités de leur rapprochement. Ce n'est pas la première opération qui voit ainsi un champion national participer activement à la restructuration de son secteur à l'échelle européenne, quitte à y laisser un peu, voire beaucoup, de son indépendance supposée. Faut-il rappeler la fusion entre l'ex Rhône Poulenc et l'allemand Hoechst pour former Aventis, celle de l'ex Seita avec l'espagnol Tabacalera pour constituer Altadis ou celle de l'ex CLF avec le Crédit Communal de Belgique pour former Dexia? Sans oublier le ménage à trois entre l'ex Paris Bourse SA, la Bourse de Bruxelles et celle d'Amsterdam au sein d'Euronext, dont la cotation est prévue pour la fin mai.Toutefois, qu'il s'agisse de ménager des susceptibilités nationales toujours chatouilleuses ou de bénéficier d'un environnement réglementaire ou fiscal plus souple, certaines de ces opérations s'accompagnent d'un transfert de siège social. Si le siège d'Aventis est situé en France, à Strasbourg, celui de Dexia est en Belgique, celui de l'ensemble Usinor-Aceralia-Arbed sera au Luxembourg, tandis qu'Euronext est de droit néerlandais... Une des conséquences de cette délocalisation des sièges sociaux est de rendre les actions des groupes pan-européens concernés inéligibles au PEA, le véhicule d'investissement en actions privilégié par nombre d'épargnants français. Ainsi, alors que les autorités françaises, conscientes de la vigueur des grandes entreprises nationales, ne s'opposent pas, voire même encouragent, de telles restructurations, elles n'hésitent pas dans le même temps à faire preuve d'un protectionnisme étroit en matière d'épargne. Il est vrai qu'autoriser le maintien dans les PEA d'un Dexia belge, d'un Euronext hollandais ou d'un Usinor-Aceralia-Arbed luxembourgeois ouvrirait grande la porte des PEA à l'ensemble des émetteurs européens. Et c'est bien là que le bât blesse. La faiblesse de l'épargne longue investie en actions en France est telle qu'elle ne saurait être ainsi dilapidée à travers toute l'Europe. Pourtant, la solution est sans doute moins dans un combat que la rapidité des restructurations industrielles en cours désigne comme d'arrière garde que dans la recherche des moyens de stimuler et de développer un épargne longue investie en actions. Où l'on devrait peut-être reparler de fonds de pension...
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