Agitation sociale chez Gemplus

La grogne monte chez les salariés de Gemplus et ils l'ont fait savoir en se mettant en grève jeudi. Selon les syndicats, il s'agit du premier mouvement touchant toutes les catégories de personnel français depuis la création du groupe en 1988.A l'origine, il ne s'agissait que d'un débrayage de 90 minutes (de 13h30 à 15h00) devant permettre la tenue d'assemblées générales des personnels simultanées, à Géménos (centre décisionnel) et à La Ciotat (centre de recherche).Mais lors de ces réunions, les syndicats - USG (Union des Salariés de Gemplus), FO, la CFDT, la CGT et la CFTC - ont appelé à la reconduction du mouvement jusqu'à vendredi à 13h00. Il est réclamé à la direction des "engagements sur l'emploi et une vision pour l'avenir", a expliqué Renaud Laffont, secrétaire USG. Face aux rumeurs de nouveau plan social, les salariés français reprochent en effet à leur direction de ne leur avoir toujours pas donné de réponse.Le personnel craint en particulier une annonce de réduction d'effectifs le 9 décembre prochain, date à laquelle le nouveau directeur général Alex Mandl doit présenter son plan stratégique. Il y a une semaine, Dominique Vignon, le président de la société, avait indiqué sur Europe 1 que des recommandations sur "l'adaptation des effectifs à un contexte très concurrentiel" seront bientôt présentées par la direction.La colère est d'autant plus grande que nombre des salariés ont été choqués par les conditions de rémunération offertes à Alex Mandl, alors que la société traverse une période difficile et a déjà décidé de se séparer de 1.200 personnes. Alex Mandl a obtenu pour quatre ans un salaire annuel de base de 600.000 euros avec un bonus maximal de 120% dépendant des performances mais garanti la première année. A cela s'ajoutent une prime de 500.000 euros remboursable s'il part avant le 9 septembre 2003 et d'autres remboursements de frais, comme l'achat de son appartement genevois pris en charge à hauteur de 4,9 millions de dollars.Enfin, les employés s'en prennent également à TPG, actionnaire détenant 26% du capital et qui selon eux contrôle l'entreprise. C'est pourquoi ils réclament une recomposition de l'actionnariat afin de réduire le poids de l'Américain.Du côté de TPG, il n'y a pas qu'avec les salariés que le torchon brûle. Le fonds américain est également en conflit ouvert avec le fondateur du groupe Marc Lassus. TPG réclame le remboursement d'un prêt de 78 millions d'euros consenti par Gemplus à Marc Lassus. Mais celui-ci estime que TPG use d'un "prétexte" pour "prendre le contrôle" de la société. Bref, si au début l'entente était cordiale (Marc Lassus espérait pénétrer le marché américain grâce à TPG et ce dernier voyait dans Gemplus un spécialiste des cartes pour les réseaux 3G), chacun use aujourd'hui de moyens procéduriers pour faire obstacle à l'autre (voir ci-contre). Ainsi, TPG a tenté d'obtenir la révocation de Marc Lassus du conseil d'administration en convoquant les actionnaires en assemblée générale extraordinaire. Mais le fondateur du groupe a par deux fois réussi à faire reporter cette échéance. Sauf nouvelle surprise, cette assemblée générale devrait finalement avoir lieu le 19 décembre.En Bourse, l'action cède 3,70%, à 1,04 euro, vendredi soir.
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