Les médecins refusent des "accords individuels" pour financer la hausse des cotisations

Qui va payer l'augmentation, désormais acquise, de la consultation de médecine générale de 18,5 à 20 euros ? La question est désormais au centre des préoccupations des professionnels de la santé après que le ministre de la Santé Jean-François Mattéi a confirmé hier que les cotisations sociales n'augmenteraient pas. Dans une interview accordée ce matin au Parisien, le ministre a proposé une meilleure maîtrise des dépenses de santé tant de la part des professionnels que des patients.Le président de la Caisse nationale d'assurance maladie (Cnam), Jean-Marie Spaeth, a confirmé, ce matin sur Europe 1, que l'augmentation du prix de la consultation devra être "économiquement neutre pour les assurés sociaux". Selon lui, "l'autofinancement" est possible grâce à une "évolution des pratiques médicales et des comportements". Pour assurer cette évolution, Jean-Marie Spaeth propose "un accord collectif" avec les syndicats de médecins assorti "d'engagements individuels". Les médecins devront s'engager à "un bon usage des soins", comprenant notamment le développement de la prescription de médicaments génériques et la réduction de l'usage des antibiotiques. Le président de la Cnam s'est cependant refusé à évoquer les sanctions que pourraient encourir les médecins qui ne respecteraient pas ces accords.La réaction à ces propositions de la Cnam a été immédiatement très vive parmi les syndicats de praticiens. La Coordination nationale des médecins généralistes (CNMG) s'est étonnée que "la Cnam n'a toujours pas compris que les médecins refuseront toute logique d'individualisation, synonyme de culpabilisation et d'assujettissement". La détermination de la CNMG n'est donc pas entamée et, dans l'attente du début des négociations, la coordination a affirmé que le mouvement de déconventionnement se poursuivra. Aujourd'hui, les médecins d'Ile-et-Villaine se sont joints à ce mouvement.D'autres syndicats de médecins comme la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF) et le syndicat des médecins libéraux (SML) se sont élevés contre les propos de Jean-Marie Spaeth. Le SML a déclaré qu'il ne signerait pas un accord "assorti d'engagements individuels", car cela signifierait que les "organisations syndicales ne sont pas représentatives". La proposition du président de la Cnam est, pour le SML, "absurde" et "ridicule". La CSMF considère, de son côté, que "Jean-Marie Spaeth met tout en oeuvre pour qu'il n'y ait pas d'accord" et "qu'il prend le risque de tout perdre". Le syndicat a appelé ses adhérents à "maintenir la pression sur le terrain". Seul le syndicat MG-France, signataire d'un accord cet hiver avec le gouvernement Jospin, considère que les propositions de Jean-Marie Spaeth vont "dans le bon sens". Si la principale revendication des médecins semble devoir être satisfaite, les modalités de son financement restent incertaines. Ce sera sans doute l'une des premières tâches du gouvernement issu des prochaines élections législatives. D'autant que la mobilisation ne faiblit pas du côté des praticiens puisque l'on apprenait qu'une manifestation avait dégénéré jeudi après-midi devant la Cpam de Bayonne. le bilan serait de 8 blessés.
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