Forte chute de l'investissement américain

Jeudi, lors de la dernière livraison de son Livre Beige sur la conjoncture américaine, la Réserve fédérale américaine avait formulé un diagnostic assez peu enthousiasmant, qualifiant de "molle" la croissance de la première économie mondiale. Le jugement se voit confirmé par la publication cet après-midi des statistiques relatives aux commandes de biens durables. En septembre, elles ont chuté de 5,9% par rapport au mois d'août. Non seulement il s'agit de la plus forte baisse de cette statistique depuis novembre 2001 - alors que les économistes interrogés par Reuters tablaient sur un recul moindre, de l'ordre de 1,8% - mais il s'agit aussi du troisième repli en quatre mois. Hors matériel de transport, les commandes de biens durables connaissent une baisse moins marquée (-1%), en raison d'une moindre demande d'avions, mais il apparait néanmoins évident à travers ces chiffres que les entreprises américaines n'ont pas recommencé à investir. C'est notamment très criant pour ce qui concerne les commandes de matériel de télécommunications, où la chute atteint 52%, une baisse sans précédent depuis la création de cet indicateur. C'est également vrai pour ce qui est des commandes d'ordinateurs et de matériel électronique qui ont reculé de 6%, soit leur plus forte baisse depuis la chute de 11,4% enregistrée en septembre 2001.Evariste Lefeuvre, spécialiste des Etats-Unis chez CDC-Ixis, s'inquiète d'ailleurs de l'impact de cette faible croissance de l'investissement à la fin du troisième trimestre, ce qui l'amène à réviser en baisse sa prévision de croissance sur cette période. Il ne s'attend plus qu'à une croissance trimestrielle de 3,4% au lieu de 3,7% précédemment. Si cette situation devait se poursuivre dans les mois à venir, comme le laisse entendre la Fed dans son Livre Beige quand elle souligne la réticence des entreprises à investir, alors Evariste Lefeuvre craint que l'économie américaine n'affiche au quatrième trimestre une croissance très faible de l'ordre de 1,1%. La consommation des ménages et la dépense publique, derniers piliers de la croissance aux Etats-Unis, ne suffisent pas, en effet, à prendre le relais de sociétés qui ont fait le choix de mettre à profit leur récent retour à une meilleure rentabilité pour se désendetter plutôt que pour investir. Reste à savoir si les consommateurs et le gouvernement vont continuer à tenir à bout de bras l'économie jusqu'à la reprise de l'investissement. Pour l'instant, la politique accomodante de la Fed et les baisses d'impôts permettent au pouvoir d'achat des ménages de résister. Cependant, la dégradation continue du marché du travail, notamment dans l'industrie, pourrait à terme affaiblir la demande et plonger du même coup l'économie américaine dans de plus grandes difficultés. A cet égard, même si la corrélation confiance et consommation n'est pas toujours vérifiée, il est intéressant de noter que la version définitive de l'indice de confiance élaboré par l'Université du Michigan pour le mois d'octobre ressort à 80,6. C'est très légèrement mieux que la publication préliminaire (80,4) mais tout de même à un plus bas depuis neuf ans.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.