Pour HP et Compaq, le plus dur reste à faire

Martin Reynolds, analyste chez Gartner Inc, résume la situation en quelques mots évocateurs: "Elle a fait un paquet de toutes les promesses qu'elle n'a pas tenues et a tout misé sur un gigantesque pari." Et le pari est à haut risque : marier deux entreprises à l'avenir incertain pour constituer un géant revendiquant 150.000 salariés et 80 milliards de dollars de chiffre d'affaires, le tout sans perdre une minute dans une course effrénée vers le progrès technologique. Car il ne faut pas compter sur des concurrents comme Dell ou IBM pour lui faire des cadeaux.Tout est sous contrôle, affirme Carly Fiorina. Depuis six mois, une équipe de 900 personnes issues des deux entreprises travaille à leur intégration. Les organigrammes sont prêts, tout comme la ligne de produits des trois prochaines années.Il reste à passer des schémas séduisants sur le papier à la réalité, et c'est là que l'affaire se complique. HP revendique fièrement une majorité de plus de 60% de son personnel en faveur de la fusion. Ce qui signifie, si l'on a bien compris, que près de 40% des salariés de Hewlett Packard sont hostiles à une union qu'on leur impose.Il n'est pas difficile de deviner pourquoi. La fusion va se traduire par la suppression de 15.000 emplois. Lesquels ? C'est bien ce qui fait frémir les salariés de HP. La culture de la vénérable entreprise fondée en 1938 est consensuelle, pour ne pas dire paternaliste. Il en va tout autrement chez les texans de Compaq, habitués à jouer des coudes. Pour tout arranger, c'est Michael Capellas, PDG de Compaq, appelé à devenir "chief operating officer" du nouveau HP, qui aura la charge de l'entreprise au jour le jour.Autre question cruciale : de combien va régresser le chiffre d'affaires du nouvel ensemble par rapport aux deux entreprise pré-existantes ? Pas plus de 5%, promet HP. Des membres de l'équipe d'intégration confient à Business Week que la chute sera probablement comprise entre... 10 et 15%.Tout cela suppose bien sûr que le résultat officiel confirme le pronostic de Carly Fiorina, ce qui semble probable, et qu'il ne soit pas contesté par Walter Hewlett, ce qui n'est pas garanti. Si l'on en croit les révélations du quotidien USA Today, la Deutsche Bank n'a apporté ses 17 millions d'actions à la fusion qu'après avoir également organisé pour HP une très fructueuse facilité de crédit de 4 milliards de dollars. Si un rapport pouvait être établi entre ces deux transactions, le vote ne manquerait pas d'être constesté. Quand on vous dit que les ennuis ne font que commencer...
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