Le conseil d'administration d'Hynix rejette le projet de Micron

Le feuilleton Hynix n'en finit décidément pas de réserver des rebondissements imprévus à ses acteurs et spectateurs. Alors que les créanciers du fabricant sud-coréen de mémoires avaient accepté lundi le plan de sauvetage élaboré par l'américain Micron Technology, ce sont mardi ses administrateurs, réunis à Séoul, qui ont opposé un refus au projet, à l'issue d'un débat apparemment houleux. Le vote négatif sur le projet de Micron a pourtant été obtenu à l'unanimité du conseil, provoquant la démission du PDG d'Hynix, Park Chong-Sup. Le plan de Micron visait pourtant à ne pas totalement absorber l'ex-fleuron sud-coréen de l'électronique qu'est Hynix, n° 3 mondial des mémoires. L'Américain offre en effet 3,4 milliards de dollars pour les activités de la division Mémoires du groupe (notamment six usines), qui a généré l'an dernier 70% des ventes totales d'Hynix. Micron s'engage parallèlement à investir 200 millions supplémentaires dans ce qui resterait d'Hynix, acquérant ainsi 15% du capital de la nouvelle entité. Mais c'était sans compter sur l'opposition farouche des syndicats du groupe, qui emploie 13.200 personnes, des actionnaires minoritaires et, manifestement, de certains administrateurs déterminés à ne pas abandonner Hynix aux mains d'étrangers.Entre autres motivations de sa décision, le conseil d'administration juge ainsi que "le plan sur-estime la valeur des actions Micron offertes pour payer l'activité de mémoires d'Hynix" et note que "Micron a aussi exprimé sa préoccupation auprès d'Hynix et de ses créanciers quant à la viabilité du reste du groupe". Estimant que "avec le redressement du secteur des semi-conducteurs et de nouveaux développements technologiques, notre compétitivité s'est améliorée", le conseil conclut qu'il est "possible qu'Hynix existe avec succès en tant qu'entité indépendante". Une survie en solo qui reste à assurer : Hynix, qui a perdu 3,9 milliards de dollars l'an dernier, est loin d'être tiré d'affaires, même en tenant compte de la remontée des cours des mémoires engagée depuis le mois de novembre. Prenant acte du vote négatif du conseil d'administration d'Hynix, Micron Technology souligne que la lettre d'intention signée avec le Sud-coréen n'est plus valable. Le rachat d'Hynix aurait donné au groupe la première place mondiale devant Samsung sur le marché des mémoires. Mais le vote du conseil d'administration constitue aussi un revers pour le gouvernement sud-coréen, qui militait pour le projet Micron après avoir sauvé Hynix de la faillite par deux fois en forçant les banques publiques à le refinancer.A la Bourse de Séoul, avant l'annonce du résultat de la réunion du conseil d'administration, l'action Hynix a une nouvelle fois atteint le seuil maximal de baisse, reculant de 14% en séance pour clôturer à 770 yens. L'annonce de la fin du plan de reprise, en éloignant les risques de dilution des actionnaires actuels, a permis au titre de remonter : Hynix a clôturé la séance de mardi sur un gain de 6% à 955 wons.Tandis qu'à Wall Street, Micron Technology cédait 3,55% à 25,51 dollars, l'Allemand Infineon Technology perdait lui aussi du terrain à Francfort à 19,94 euros, en recul de 3,67% en fin d'après-midi. Les investisseurs redoutent des turbulences sur le marché mondial des puces alors que l'incertitude sur l'avenir d'Hynix est relancée. Et que la perspective d'importantes réductions de capacité de production s'éloigne avec le projet de Micron.
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