L'automobile dope la consommation

Les ventes de détail aux Etats-Unis ont augmenté de 1,2% en juillet par rapport à juin, mois au cours duquel elles avaient progressé de 1,4% (chiffre révisé), a annoncé mardi le département du Commerce. Hors automobiles, les ventes de détail ont progressé de 0,2%. Sur un an, les ventes affichent une progression de 4,8% et de 3,9% hors automobile.En dollars courants, les ventes ont atteint 304,28 milliards de dollars et, hors automobile, 228,45 milliards. Les ventes de véhicules et pièces se sont élevées à 75,83 milliards. Les chiffres de juin ont été révisés en hausse. Après avoir estimé à 1,1% la hausse globale des ventes et à 0,4% celle des ventes hors automobile, le département est passé à des hausses de 1,4% et 0,5% respectivement.Les chiffres du mois de juillet correspondent exactement aux prévisions des économistes. Ces derniers tablaient généralement sur une hausse de 1,2% des ventes de détail en juillet et sur une progression de 0,2% de ces ventes hors du secteur automobile.Ainsi, les ventes des concessionnaires automobiles ont progressé de 4,2% en juillet pour le deuxième mois consécutif. Il s'agit des plus fortes hausses enregistrées depuis le mois d'octobre dernier. En corollaire, les stations-services ont vu leurs ventes augmenter de 2,7% en juillet après une baisse de 0,1% en juin, marquant la plus forte progression depuis avril. Hors automobile, certains secteurs de la consommation montrent des signes clairs de faiblesse : les ventes de meubles ont ainsi baissé de 1,4% après -1,1% en juin, celles de vêtements de -1,3% après +2,5% et celles d'électronique de -1% après une hausse de 1,1%. Les matériaux de construction ont vu leurs ventes baisser de 1,2% après +0,6% et les chaînes de grands magasins de -0,1% après +0,7% en juin. La consommation américaine se voit donc soutenue de manière artificielle, par les secteurs tournant autour de l'achat et de l'entretien des véhicules. En effet, les acheteurs ont profité des financements à taux zéro proposés par les constructeurs. Ces conditions avantageuses, qui jouaient déjà au mois de juin et ont été maintenues en juillet, sont pourtant appellées à s'éteindre, mettant fin au phénomène de "gonflement" artificiel des statistiques. Les bons chiffres automobiles ont donc pour conséquence d'occulter la morosité latente de la consommation en général, ce qui est considéré comme dangereux par certains observateurs."Les ventes ont été tirées par l'automobile et l'essence. En dehors de cela, les ventes au détail sont faibles. Les matériaux de construction sont en baisse, dénotant un ralentissement d'activité dans le BTP. Et les ventes de véhicules s'expliquent surtout par des rabais importants et autres financements à taux zéro, synonymes de faibles profits, ce qui n'est pas spécialement bon pour l'économie ou les marchés d'actions. Au final, la statistique dépeint une reprise économique sans profit. Dans ce contexte, il serait souhaitable que la Fed revienne à un biais accomodant," estime John Herrman, chef économiste chez IdeaGlobal interrogé par Reuters, qui attend comme tous ses confrères la décision et surtout les commentaires du Comité de politique monétaire de la Réserve fédérale, réuni aujourd'hui.Moins pessimiste est Christopher Low, économiste new-yorkais: "Cela nous rappelle que le consommateur n'est pas encore mort. Le consommateur continue de dépenser, mais c'est vrai que c'est surtout pour acheter des voitures, au détriment de tout le reste. Pour la Fed, c'est une nouvelle importante. Quoi qu'on en dise, si la Fed baisse ses taux, c'est pour empêcher que la baisse de la Bourse ne démoralise le consommateur. Cette statistique lui apporte un répit d'un mois". De fait, l'illusion de bonne tenue de la consommation ne devra pas être entretenue trop longtemps. Ces chiffres arrivent sans doute trop tard pour influencer la réunion de la Fed ce soir. Tous les observateurs s'accordent à penser qu'Alan Greenspan ne touchera pas à ses taux directeurs. A moins qu'il ne veuille donner un signal fort aux marchés, et montrer qu'il n'est pas dupe de ces statistiques "enjolivées".
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.