"Il y a eu aussi une bulle du foot"

La Tribune.- Pourquoi votre fonds dédié aux valeurs du sport fait-il l'impasse sur les clubs de football cotés en Bourse?Georges Ducel.- Leur modèle économique n'est pas séduisant. Ils affichent des taux de masses salariales que seuls des entreprises d'Etat peuvent égaler, le risque de blessures sur des joueurs (très coûteux) est élevé. Et d'une façon générale les résultats financiers sont trop dépendants des performances sportives. Enfin, les dirigeants n'ont pas admis que la Bourse impose une communication financière claire et des résultats concrets. La gestion des clubs cotés manque de rigueur et ne tient pas compte de l'actionnaire : la Juventus de Turin a immédiatement dépensé les 100 millions d'euros du transfert de Zidane au lieu d'en garder ou d'en distribuer une partie. On pourrait dire qu'il y a eu une "bulle du foot" : les dirigeants ont cédé à une euphorie générale.La baisse des cours et une possible réforme des pratiques du secteur ne constituent-elles pas une opportunité d'achat?Il est vrai que les cours ont chuté, d'environ 50% en deux ans. De surcroît, une réforme des systèmes de transferts et une limitation des masses salariales seraient de bons points de départ. Mais ce ne sont encore que des projets. Pour ce qui est de la publicité et des droits, je ne vois pas de reprise rapide. ISL (qui gérait des droits) vient de faire faillite et Kirch vient de déposer son bilan malgré un quasi monopole. Même s'il y a reprise, il n'est pas sûr qu'elle offrira une rentabilité suffisante. Je préfère donc rester actuellement à l'écart. Mieux vaut jouer les équipementiers sportifs dont l'activité devrait croître de 10 à 15% dans les prochaines années.Finalement, les clubs ont-ils leur place en Bourse?Je crois qu'aujourd'hui les clubs et leur modèle économique trop aléatoire ne correspondent pas aux attentes de la Bourse. Jamais les actionnaires d'une autre entreprise cotée n'accepteraient qu'elle mise des dizaines de millions d'euros sur un seul homme, ou gaspille son cash-flow sans convoquer une assemblée. Il n'y a guère qu'aux Etats-Unis où des clubs de sport cotés ont du succès, notamment dans le basket-ball. Mais ils vivent en grande partie des paris, ce qui peut les inciter à laisser de côté l'aspect sportif. Ils sont donc partie prenante d'un spectacle organisé, qui s'éloigne de la compétition sportive.Propos recueillis par Olivier Decarre
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