Berlusconi, président de l'Europe

Avant même qu'il n'assume la présidence tournante de l'Union Européenne, ce matin, le chef du gouvernement italien a été cloué publiquement au pilori par la presse du vieux continent et dénoncé en privé comme incompétent et dangereux par les diplomates des autres Etats membres. A-t-il perdu la partie avant même de l'avoir commencée ?Mieux vaut, pour l'Europe, souhaiter que non. Car il y a du pain sur la planche, largement de quoi occuper un semestre. Il faut boucler la constitution européenne, présenter un front uni et convaincant dans les négociations commerciales internationales, trouver les moyens de rapprocher les deux rives de l'Atlantique... Accessoirement, quelques mesures convaincantes pour relancer la croissance - qui affiche actuellement un zéro pointé pour la zone euro dans son ensemble - ne seraient pas malvenues.Cela va sans dire, "Il Cavaliere", débarrassé de ses ennuis avec la justice par une loi fort bienvenue, n'a aucun doute sur sa capacité à relever de tels défis simultanés. La constitution européenne verra bien le jour à Rome. Après avoir soutenu l'attaque de l'Irak par les forces américaines et britanniques, il est persuadé d'être en position idéale pour réconcilier Washington et Paris, Bruxelles ou Berlin. Pourquoi ne pas aussi faire la paix entre Israéliens et Palestiniens ? L'administration Bush a entamé le travail, Super Silvio l'aidera à l'achever.Quant à l'économie, le magnat des médias devenu leader politique a aussi une recette : relancer l'économie par la réalisation de grands projets d'infrastructure financés par la Banque Européenne d'Investissement, qui cèderait au marché dans cette perspective quelques milliards d'euros d'obligations.L'initiative est louable, elle pourrait même produire des résultats. Mais trop peu et trop tard, estiment les économistes, tandis que les gouvernements allemand et français, dont les déficits publics ont déjà "explosé" le plafond de 3% du PIB du pacte de stabilité, affirment, et pour cause, que de tels projets ne pourraient être financés que par... des capitaux privés.En réalité, les partenaires européens ne lui en demandent pas tant. Ils se contenteraient d'une gestion sobre et efficace des affaires courantes. N'osant trop y croire, ils croisent les doigts en attendant la suite.
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