Le SRAS ralentit brutalement la croissance chinoise

La Chine est, à son tour, atteint par le ralentissement de l'économie. Le géant démographique qui, depuis plus de quinze ans, est également un des champions mondiaux de la croissance, a vu la croissance de son PIB reculer de 3,2 points au deuxième trimestre 2003. Après un premier trimestre record, où la croissance avait atteint 9,9% en rythme annuel, le PIB n'a progressé entre avril et juin "que" de 6,7%. Mais si elle peut faire rêver la plupart des observateurs occidentaux, cette croissance trimestrielle est l'une des plus faible depuis onze ans. Seul le dernier trimestre 2001 avait connu une croissance plus faible: 6,6% en rythme annuel. Surtout, ce taux de croissance est inférieur au consensus des économistes calculé par Bloomberg qui tablait sur un taux de 7,3%. La raison de ce brusque ralentissement? D'après le Bureau national des statistiques (BNS), le SRAS est le principal responsable de ce recul. "Certaines industries ont été gravement affectées par la maladie, conduisant à un net ralentissement de la croissance", résume Yao Jinguan du BNS. Il est vrai que la demande intérieure s'est nettement infléchie au deuxième trimestre. Pour preuve, la croissance des ventes de détail n'est que de 6,7% sur le second trimestre, soit 2,5 points de moins qu'au premier trimestre. Deux secteurs ont été particulièrement touchés par le SRAS. D'abord les services dont la progression en rythme annuel est presque "occidentale" : +0,8%: les transports (-23%) et la restauration (-3,5%) ont d'ailleurs accusé une forte baisse de leurs activités. Autre secteur en peine, l'agriculture. La valeur ajoutée de ce secteur a progressé, selon le BNS, de 2,3% au deuxième trimestre, contre 3,5% entre janvier et mars. Cette atonie de l'agriculture a provoqué une baisse du revenu moyen paysan de 4,2 dollars en moyenne, ce qui n'a pas favorisé la consommation. Reste que ce tableau noir ne doit pas cacher l'essentiel : la croissance chinoise reste l'une des plus vigoureuses du monde. Et si la consommation a connu un moment de faiblesse, l'investissement reste très fort. Les investissements en capital fixe ont ainsi progressé de 31% sur un an au cours du trimestre. Il s'agit de la plus forte hausse depuis 1994. C'est dire si les chefs d'entreprise continuent à avoir confiance, malgré le SRAS et le ralentissement mondial dans l'avenir économique de la Chine. Et il est vrai que le pays dispose encore d'une excellente compétitivité, comme le montre la croissance des exportations au deuxième trimestre : +34%. Le BNS s'attend à une nette reprise de la croissance au cours du prochain semestre et estime que la Chine pourra tenir son objectif d'une croissance de 7% sur l'ensemble de 2003. Selon Yao Jinguan, la demande intérieure devrait reprendre le flambeau. "La consommation va croître rapidement au second semestre, car le SRAS n'a pas atteint le pouvoir d'achat des consommateurs", précise-t-il. En revanche, il met en garde contre un impact "à retardement" du SRAS sur les exportations dans la deuxième moitié de l'année, notamment en raison du ralentissement des commandes et de la production.Si cette situation se confirme, elle ne sera pas sans poser de problèmes à l'économie mondiale. Car la balance commerciale chinoise, actuellement excédentaire, pourrait se retrouver à nouveau en déficit. La position de la monnaie chinoise, le yuan, sera alors de moins en moins tenable. Le taux du yuan est en effet fixe face au dollar. Or, la plupart des économistes estiment que cette situation provoque une sous-évaluation du yuan et, donc, un artificiel renforcement de la compétitivité des produits chinois. Alan Greenspan lui-même a indiqué mardi qu'une libre circulation du yuan "devait devenir de plus en plus évident". Avec un nouveau déficit commercial, la pression deviendra donc de plus en plus forte.
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