L'Allemagne croit en sa reprise

Si les signes concrets de reprise se font attendre en Allemagne, la confiance en cette reprise semble d'ores et déjà acquise. Après un bond de plus de 20 points en juillet, l'indice des prévisions de conjoncture ZEW a encore grimpé de 10,6 points en août, à 52,5 points, son plus haut niveau depuis un an. Un chiffre bien plus élevé que ce qu'attendaient les économistes, qui tablaient sur un indice en hausse modeste de 4,1 points. Dans son communiqué, le ZEW, qui calcule cet indice, indique que "l'optimisme des analystes financiers reste intact". Selon l'institut, il s'agit là d'un signe que "le rebond économique est attendu pour le début de l'année prochaine". Principale explication de cet optimisme en août, les signes de reprise de l'économie américaine. Il est vrai que la plupart des indicateurs publiés depuis le début de ce mois ont dépassé les attentes des économistes et ont, notamment, montré un retour des entreprises vers l'investissement. Or, on le sait, l'Allemagne est très dépendante du commerce extérieur. Beaucoup espèrent donc que le pays sera tirée vers le haut par une reprise américaine. Et le bon chiffre des commandes industrielles semble confirmer cette théorie. Reste que le redémarrage de l'économie allemande demeure bien timide. La possibilité pour les entreprises de jouer sur les prix reste en effet très limitée. Certes, l'indice des prix à la production a gagné 0,3% en juillet, sa première hausse en quatre mois. Mais ce sont d'abord les produits énergétiques qui ont progressé (+7,7% sur un mois), notamment sous la pression des prix de l'électricité. Hors énergie, les prix ont ainsi reculé de 0,3% sur un an. Les profits restent donc sous pression. La conséquence de cette situation, ce sont évidemment des emplois supprimés. Une étude de l'office fédéral des statistiques a ainsi montré mardi que l'Allemagne avait détruit 646.000 emplois entre avril et juin. Il s'agit du chiffre le plus élevé depuis la réunification du pays en octobre 1990. Difficile dans ces conditions de compter sur une vraie reprise de la consommation des ménages. En l'absence d'une reprise de l'emploi, les baisses d'impôts du gouvernement Schröder pourraient bien passer dans l'épargne. L'effet sur la croissance serait alors minime. Plus généralement, Guilhem Savry, économiste chez CDC-Ixis, indique que la plupart des "problèmes structurels du pays ne sont pas résolus". Il souligne par ailleurs que l'indice ZEW est "très volatil".Restent que les investisseurs interrogés par le ZEW parient sur un autre scénario: celui d'une reprise venue de l'étranger. Un scénario possible, mais qui reste suspendu à la reprise américaine et qui fait de l'économie allemande une économie entièrement dépendante du géant américain. Les marchés, persuadés de la vigueur de la reprise américaine, ont néanmoins applaudi l'indice. A 11 heures, l'euro, qui était tombé à 1,1029 dollar trois heures plus tôt, est repassé au-dessus des 1,11, à 1,1107. Après une nouvelle faiblesse, la monnaie unique est remontée après le chiffre de l'indice du Michigan (lire ci-contre) pour atteindre en fin de journée 1,1109 dollar. Le Dax, lui, a accru ses gains et a même résisté à la baisse des marchés après la publication du mauvais indice américain. A 18h, il gagnait 0,78%.Conjoncture industrielle toujours terne dans la zone euroLa production industrielle a reculé de 0,1% dans la zone euro en juin par rapport à mai. Malgré la progression observée en France (+1,2%), la déprime continue de toucher l'Allemagne (-0,6%), l'Italie (stable) et surtout la Belgique (-1,8%). Ce chiffre confirme évidemment la faiblesse de l'activité au cours du deuxième trimestre. Il est d'autant plus inquiétant que l'industrie énergétique a montré une belle hausse en juin (+2,7%). Mais l'absence d'investissement des entreprises pénalise toujours l'industrie européenne: la production de biens d'équipement a reculé en un mois de 1,3% et en un an de 4,6%.Sur le front de l'inflation, la baisse du taux annuel à 1,9% en juillet était attendue. Elle confirme l'absence de tension inflationniste dans la zone, sans qu'il puisse s'agir véritablement de déflation. Reste qu'avec une baisse mensuelle des prix de 0,2% en juillet dans la zone, les marges des entreprises européennes n'ont pas fini de souffrir.
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