Nouveau recul du chômage allemand

L'économie allemande est-elle réellement sur la voie de la reprise ? On pourrait le penser au regard des chiffres de l'emploi pour le mois de juin publiés mardi. Contre toute attente, le nombre de demandeurs d'emplois outre-Rhin a reculé tant en données corrigées qu'en chiffres bruts. En brut, la donnée la moins pertinente sur le plan économique mais la plus sensible sur le plan politique, on compte 85.000 chômeurs en moins en Allemagne. Le taux de chômage brut passe ainsi à 10,2% de la population active avec 4,26 millions de chômeurs. En données corrigées des variations saisonnières (CVS), le nombre de demandeurs d'emplois recule de 33.000 en juin sur un mois. Le consensus des économistes calculé par l'AFP prévoyait une hausse de 10.000 et celui de Reuters une hausse de 15.000 du nombre de chômeurs. C'est dire si la surprise a été de taille. Et une bonne nouvelle n'arrivant jamais seule, la baisse du chômage en données CVS en mai a été revue positivement. Ce n'est plus 4.000 chômeurs en moins qui ont été enregistrés en mai, mais 10.000. Selon Guilhem Savy, économiste chez CDC-Ixis, la baisse du taux de chômage en CVS de 10,7% à 10,6% est la première depuis mai 2001. Ce deuxième mois consécutif de baisse annonce-t-il l'amorce d'une confiance retrouvée des entreprises ? Les économistes restent très partagés. Interrogé par Reuters, Ralph Solveen, économiste chez Commerzbank, rappelle que les méthodes de comptabilité du chômage ont évolué. "Malheureusement, cette surprise positive n'a rien à voir avec l'économie. Il s'agit d'un effet statistique parce que de nombreuses personnes qui étaient enregistrées ne sont plus incluses dans les chiffres", remarque-t-il, avant de conclure, définitif : "le marché de l'emploi ne s'est pas amélioré, il faudra attendre l'année prochaine". Egalement mise en avant par certains économistes, la nouvelle législation sur le chômage. Le gouvernement Schröder a en effet mis en place des mesures plus contraignantes pour les demandeurs d'emplois. Les radiations sont désormais plus faciles et plus nombreuses. Et les chômeurs sont incités à accepter plus facilement les emplois temporaires ou faiblement rémunérés. Du coup, Holger Schmiedling, économiste chez Bank of America, refuse tout enthousiasme. "Cette évolution est probablement due à l'évolution de la législation, car (ces chiffres) sont trop en désaccord avec une économie qui reste en stagnation", déclare-t-il donc à Reuters avant d'ajouter, lui aussi, que "le tableau général de l'économie ne change pas". Une opinion partagée par Guilhem Savy qui estime que, compte tenu de la croissance qui devrait en 2003 rester proche de zéro, le taux de chômage ne devrait pas se stabiliser avant la mi-2004. Certains experts voient cependant dans ces chiffres des signes encourageants. Sans nier l'impact des évolutions statistiques, il faut bien remarquer que ces chiffres ont surpris les économistes qui avaient intégré ces modifications dans leurs données. Edgar Walk, économiste chez Metzler à Francfort, déclare ainsi à Bloomberg que, selon lui, le "point bas de l'économie a été atteint en juillet". Une opinion qui s'appuie sur l'amélioration des chiffres des ventes au détail et la hausse récente de l'indice Ifo. Le député social-démocrate Klaus Brandner partage évidemment cette opinion en relevant la hausse du nombre de créations d'entreprises, près de 100.000 sur les six premiers mois de l'année. Guilhem Savy lui-même, qui est par ailleurs prudent, note que cette amélioration de l'emploi pourrait s'accompagner d'une reprise de la consommation au second semestre. Une reprise qui serait soutenue par les faibles taux d'intérêt et une inflation basse. Reste que le chiffre de la production industrielle, paru mardi midi, n'est guère rassurant et appuierait plutôt la thèse d'un dégonflement artificiel du chômage. La production industrielle a ainsi baissé de 0,7% en mai sur un mois et de 1,7% sur deux mois. Le consensus réalisé par UBS Warburg prévoyait une baisse de 0,1% sur un mois. Un mauvais chiffre dû en grande partie au recul du secteur de la construction (-3,9%). Plus que jamais donc, la seule chose certaine outre-Rhin, c'est l'incertitude des perspectives économiques.
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