Le consommateur américain veut croire à la reprise

La reprise américaine semble aller son petit bonhomme de chemin. Ainsi, l'indice de confiance du consommateur calculé par le Conference Board montre un beau rebond en août, à 81,3 contre 77 en juillet. Le consensus des analystes n'attendait que 80. En juillet, l'indice avait reculé de 7 points.Ce chiffre ne doit cependant pas mener à un excès d'optimisme. D'abord parce que cette reprise ne compense pas la lourde chute de juillet et que le niveau d'août reste en deçà de celui de juin. Ensuite, parce que ce rebond de la confiance ne signifie en rien une reprise rapide des dépenses des ménages. Car ce qui fait remonter l'indice du Conference Board, c'est avant tout l'optimisme des consommateurs concernant l'avenir. L'indice des attentes progresse ainsi très fortement, de 86,3 à 94,4. Les nombreux signes de reprise de l'activité et la bonne tenue des Bourses ont sans doute contribué à ce retour de l'espoir.Pour autant, les consommateurs américains se montrent très négatifs au sujet de leur situation actuelle. L'indice mesurant cette situation continue ainsi à reculer à 61,9 contre 64,2 en juillet. Ainsi, la proportion des consommateurs interrogés considérant que le climat actuel des affaires est "mauvais" passe de 30,2% à 30,9%, alors que la part de ceux ayant une vision opposée recule de 16,5% à 15,9%. Par ailleurs, 34,1% des personnes interrogés par le Conference Board estiment qu'il est "difficile d'avoir un emploi". Il n'était que 32,7% en juillet. En bref, cette amélioration de la confiance des consommateurs est un peu en trompe-l'oeil. Comme l'avait montré la chute récente de l'indice de l'Université du Michigan, les ménages restent actuellement très préoccupés par la situation de l'emploi et par leur situation actuelle. Et les tensions récentes sur les taux longs ne sont pas faites pour les rassurer. Pour preuve, en juillet, le nombre de logements neufs a chuté de 2,9%, selon un chiffre publié aujourd'hui. Pour que la reprise américaine soit soutenue par la consommation, il faudra donc attendre une reprise de l'emploi. Or, cette dernière risque de prendre du temps.En revanche, l'investissement a confirmé son rebond ce mardi. Comme prévu par le consensus des économistes calculé par Reuters, les nouvelles commandes de biens durables ont ainsi progressé de 1% en juillet sur un mois, à 174 milliards de dollars. Cette hausse est certes moins importante que celle de juin (+2,6%), mais cette dernière était exceptionnelle. Il s'agit néanmoins de la troisième hausse mensuelle consécutive, ce qui prouve que les entreprises ont clairement repris le chemin de l'investissement.Pour preuve de cette reprise, il suffit d'examiner le détail des chiffres. A la différence du mois dernier, cette hausse ne doit rien au secteur aéronautique et aux commandes de Boeing. En juin, hors transports, les commandes de biens durables n'avaient en effet pas progressé de plus de 1,5%. En juillet, leur hausse est plus forte: +1,7%. Et comme c'est le cas depuis plusieurs mois maintenant, l'industrie américaine n'a pas pu compter sur les commandes militaires de l'Etat: les biens d'équipement militaires ont vu leurs commandes reculer de 12,2% sur un mois en juillet. Hors défense, les commandes de biens durables progressent de 1,4%. "Ces chiffres corrects montrent que le retournement des dépenses d'investissement continue", conclut ainsi Jan Bryson, économiste chez Wachovia, interrogé par Reuters.Aucune équivoque n'est donc possible: cette hausse traduit bien une reprise de la demande de biens durables en provenance des entreprises. Et ces dernières semblent principalement avoir besoin de matériel de communication, dont les commandes progressent sur juillet de 11,8%, après +0,6% en juin. Mais on remarquera également la bonne progression des commandes de matériel informatique (+2,4% après +4,3% en juin). Apparemment donc, le renouvellement des équipements de nouvelles technologies est bel et bien entamé. Le fabricant de microprocesseurs Intel a d'ailleurs fait sensation vendredi dernier en relevant ses prévisions d'activité pour le trimestre, du fait de la forte demande de puces pour ordinateurs (lire ci-contre). Mais d'autres secteurs comme les produits finis en métal (+1,8%) ou surtout l'automobile (+5,5%) bénéficient d'un véritable regain de demande. "Ces chiffres prouvent que le secteur manufacturier sort progressivement du marasme", confirme Mike Niremira, économiste à la Bank of Tokyo-Mitsubishi, joint par Reuters.Ces éléments confirment une nouvelle fois que les entreprises seront les "forces vives" de la reprise. Mais il faudra sans doute attendre pour que ce rebond des investissements se traduise par un retour du beau fixe sur le marché de l'emploi. Les entreprises préfèrent en effet d'abord déstocker. En juillet, les stocks de biens durables ont ainsi encore baissé de 0,9% après -0,8% en juin. Et c'est bien ici que le bât blesse pour le consommateur américain.
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