La Roma et la Lazio veulent encore croire au marché

Dans l'univers encore assez restreint des clubs de football cotés, les deux représentants de la capitale italienne resteront sans doute comme l'exemple à éviter. Car si l'AS Roma et la Lazio ont, depuis leurs introductions respectives, perdu respectivement 74% et 92%, les malheurs des actionnaires (souvent tifosi) des deux clubs sont loin d'être finis. Le mois passé a en effet amplifié la crise qui secoue actuellement le football romain. Le 17 octobre, l'auditeur de la Roma refusait de certifier les comptes 2002/2003 "en raison des incertitudes pesant sur l'avenir financier du club". Une mésaventure déjà survenue à la Lazio au printemps. Début novembre, on apprenait que les deux clubs devaient ensemble 200 millions d'euros au fisc italien. Une somme astronomique au regard du chiffre d'affaires des deux clubs (134 millions d'euros pour la Roma et 92 millions pour la Lazio). D'autant que ce n'est pas tout : les deux clubs cumulent une dette de 165 millions d'euros ainsi que 94 millions d'euros de salaires non versés. Et aucune amélioration ne point à l'horizon. Lundi, les deux clubs ont publiés des comptes trimestriels alarmants. La perte nette entre juillet et septembre a ainsi atteint 27 millions d'euros pour la Roma et 31,2 millions d'euros pour la Lazio. Dans les deux cas, les déficits sont presque deux fois plus importants que l'an dernier. Comment en est-on arrivé là ? Très simplement, les clubs ont "flambés" entre 1998 et 2001 les sommes levées sur les marchés pour acheter des joueurs à des prix exorbitants et avec des salaires énormes. Si le bilan sportif est plutôt positif (la Lazio a emporté le championnat en 2000 et la Roma en 2001), il s'est révélé suicidaire économiquement. Avec la baisse des revenus publicitaires et l'effondrement du marché des transferts, les salaires pèsent de plus en plus lourd dans les comptes (126% des ventes au troisième trimestre pour la Roma). Sans compter les provisions passées pour dépréciation de la valeur des joueurs. Pour la Roma, ces dépréciations se sont élevées à 72 millions d'euros sur l'exercice 2002/2003. Or, dans cette situation apocalyptique, une nouvelle épée de Damoclès menace ces clubs à l'agonie. Le 11 novembre dernier, la Commission européenne a en effet ouvert une enquête contre l'Italie au sujet du décret "salvacalcio" (sauve-football). Ce décret, passé en février dernier dans la Péninsule et qui permet d'amortir sur dix ans les achats de joueurs, pourrait, selon Bruxelles, être assimilé à une "aide d'Etat" et à une "distorsion de la concurrence" européenne. En cas de remise en cause du décret, les pertes pour le dernier exercice se creuseraient de 265% pour la Lazio et de 51% pour la Roma. C'est dire si la décision de Bruxelles risque d'être vitale pour les deux clubs. Dans l'immédiat, les clubs romains tentent de colmater les brèches. En vain. Ainsi, l'auditeur de la Lazio a exigé une nouvelle levée de fonds. L'augmentation de capital de 110 millions d'euros réalisée en août n'aura donc pas suffi. Pour preuve, la capitalisation actuelle du club dépasse à peine le montant de cette levée. La Roma a, elle, confirmé la semaine dernière qu'elle lancerait également une émission d'actions qui devrait représenter près de la moitié de son actuelle capitalisation (76 millions d'euros). Mais les marchés sont de plus en plus sceptiques devant ces émissions qui diluent les titres sans les rendre plus liquides ni résoudre les problèmes des clubs. Selon l'analyste anglais Stan Lock, de chez Brewin Dolphin, "c'est une perte de temps pour les clubs de faire appel au marché". Et d'ajouter : "il n'y a pas d'issue". Une once d'espoir demeure toutefois. A la Lazio, les joueurs ont pris conscience de leurs responsabilités. Après avoir accepté en juin une baisse de 50% de leurs salaires, ils ont décidé d'acheter ensemble 7% du capital du club. Un premier geste encourageant. Quant à la Roma, elle dispose d'une surcote spéculative. Depuis le 1er septembre, le titre a en effet gagné 41%, quand celui de la Lazio reculait de 22%. Une situation qui est en grande partie due aux rumeurs de cessions par la famille Sensi (actuellement actionnaire à 69% du club). La Lazio, qui vient de connaître le désengagement du groupe agroalimentaire Cirio, ne peut pas compter sur un tel scénario.
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