Le président italien refuse la réforme des médias

Le président de la république italienne, Carlo Azegli Ciampi, a porté un coup dur au président du conseil Silvio Berlusconi. Il a décidé de ne pas promoluguer la nouvelle loi sur les médias italiens, concoctée par le ministre des Communications Maurizio Gasparri, qui devait donner encore plus de puissance à l'empire médiatique du Cavagliere, Mediaset. Le projet, jugé anticonstitutionnel, est donc renvoyé devant le Parlement pour modification.La loi Gasparri est censée préparer l'avènement de la télévision numérique terrestre en Italie. Elle prévoit notamment de permettre aux groupes de télévision de devenir actionnaires de la presse quotidienne, et inversement, à partir de 2009. Deuxième point: le projet bouleverse les seuils antitrust, en ne prenant plus en compte le seuil de 20% des recettes publicitaires, mais en s'intéressant à l'ensemble des ressources financières des groupes concernés. Ainsi, le seuil antitrust est maintenu à 20% des recettes mais la nouvelle assiette de référence inclut l'ensemble des recettes des médias, et donc le chiffre d'affaires publicitaire global, les promotions, les abonnements, les financements des services publics, le sponsoring et n'importe quel produit dérivé. Selon une enquête du quotidien économique italien, Il Sole 24 Ore, le nouveau périmètre de référence, appelé "système intégré des communications", ou SIC, génèrerait 32 milliards d'euros de chiffre d'affaires. N'importe quel groupe de médias pourrait donc, selon la loi Gasparri, monter jusqu'à 6,2 milliards d'euros. Cette disposition permet d'une part au duopole constitué par Médiaset et la RAI de conserver leurs trois chaînes chacun. Surtout, plus rien n'empêchererait Mediaset de devenir encore plus puissant en réalisant de nouvelles acquisitions dans la presse par exemple. Concernant Mediaset, la loi Gasparri était censée permettre au groupe de médias de sauver sa chaîne Rete 4, en ne l'obligeant plus à passer sur le satellite le 1er janvier prochain comme cela était prévu par une décision du conseil constitutionnel. Une telle transformation entraînerait en effet un effondrement des recettes publicitaires de la chaîne, qui passeraient de 362 à 6 millions d'euros par an, selon les déclarations du présentateur du JT vedette de la chaîne Emilio Fede au Corriere della Sera. C'est pourquoi Silvio Berlusconi n'a pas tardé à réagir à la décision du président Ciampi. Dans la foulée, il a annoncé la préparation d'un décret-loi lui permettant de contourner l'obligation de Rete 4 de quitter le système hertzien.
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