Rendez l'argent !

La fugace euphorie boursière de la fin des années 90 pourrait bien laisser des séquelles bien peu agréables. Encouragés à investir sur des produits par définition risqués, de nombreux particuliers n'ont vu dans cette invite que les perspectives de gain, laissant prêcher dans le désert les mauvais augures qui rappelaient qu'en Bourse comme ailleurs, "les arbres ne montent pas jusqu'au ciel". Aujourd'hui dégrisés, et avec le sentiment de s'être fait un peu plumer, de plus en plus d'investisseurs individuels se retournent vers ceux qui les ont attirés dans ce guet-apens. Après le Crédit Lyonnais et La Poste, s'est au tour de l'assureur La Mondiale de se faire épingler. La justice, en première instance, vient de le condamner à rembourser à un de ses clients les sommes perdues dans des produits "en unités de compte", ceux qui ont pris de plein fouet le retournement des marchés. Les juges reprochent à l'assureur de ne pas avoir suffisamment informé le client des risques pris avec ce type de placement. Emportés par leur enthousiasme, les avocats qui défendaient la cause de ce quidam (tout de même un peu fortuné) clament que les contrats ainsi viciés se comptent par milliers. On imagine la frayeur des établissements financiers qui risquent de crouler sous les demandes de contentieux et les demandes de remboursement. On imagine sans peine qu'ils auront tendance à transiger et trouver des arrangements au cas par cas afin de ne pas se laisser submerger par les procédures, et éviter que leur responsabilité ne soit trop engagée sur le plan judiciaire. Surtout si, comme cela a été le cas en première instance pour La Mondiale, c'est bien un défaut d'information qui leur est reproché. Car vendre un produit financier n'est pas un acte comme les autres. Il repose sur une relation de confiance entre l'acheteur et le vendeur. Si ce lien est rompu, ce ne sont plus simplement des produits boursiers que les banques et les assureurs auront du mal à placer auprès de leurs clients. Ce que ces derniers leur reprochent, ce n'est pas tant de leur avoir fait perdre de l'argent que de ne pas avoir tout dit. De les avoir pris pour des gogos en quelque sorte. La leçon de toute cette histoire, c'est qu'on ne gagne jamais à faire croire à ses clients qu'ils peuvent gagner à tous les coups.
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