100 milliards de dollars en fumée...

Il y a des chiffres qui font rêver - ou frémir, tout dépend de la façon dont on les interprète. C'est le cas des 100 milliards (ou plus exactement 98,7) de dollars qu'AOL Time Warner a perdu en 2002. 100 milliards de dollars ! C'est plus que le PIB de la plupart des pays de la planète. C'est en tout cas la plus lourde perte jamais enregistrée par une entreprise aux Etats-Unis. Pourtant après WorldCom, Vivendi, France Télécom et consoeurs, on pensait que l'on en avait terminé avec les pertes abyssales des grands acteurs de la high-tech. C'était sans compter sur les ressources des grandes compagnies américaines qui, en bien comme en mal, n'ont pas fini de nous étonner. Certes, les analystes financiers rétorqueront qu'il faut relativiser ces pertes, qu'elles sont liées à des éléments exceptionnels et que justement, hors ces éléments exceptionnels, AOL a dégagé un bénéfice de 28 cents par action au quatrième trimestre 2002. Néanmoins, les perspectives ne sont pas très brillantes pour le groupe, qui vient de perdre coup sur coup ses deux charismatiques patrons. Steve Case d'abord, remercié par le conseil d'administration, puis Ted Turner, le fondateur de CNN, parti pour, paraît-il, s'occuper davantage de ses oeuvres philanthropiques ! Mais surtout, le résultat d'AOL Time Warner est le constat d'un échec. Echec d'un concept qui à la fin des années 90 avait le vent en poupe quand le monde appartenait aux jeunes loups de la high-tech. Il s'agissait de faire la fusion entre le "click", les entreprises de la nouvelle économie, et le "mortar", les sociétés de l'industrie traditionnelle. Concernant les entreprises de communication comme Vivendi, Bertelsmann et AOL, l'idée était de faire la jonction entre les tuyaux et le contenu. Le concept était attirant car à l'époque où l'argent coulait à flot, on pouvait penser que ce modèle économique accélérerait l'implantation d'Internet dans les foyers et même dans les entreprises. Mais, trop visionnaires ou trop pressés, les jeunes loups se sont cassés les dents. La fusion aura peut-être bien lieu un jour mais pas aussi vite et de la manière qu'ils l'avaient envisagée. La réussite des "click", à l'exception d'un Amazon ou d'un eBay, reste exceptionnelle. Quant aux "mortars", elles ont pris peu à peu les chemins d'Internet et sont en passe de le dominer car au final, elles seules disposent des structures et de la logistique nécessaires pour s'imposer sur ce nouveau canal de distribution.
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