La fin des années fric, la fin des années Fi

Fi System vient donc de déposer son bilan. Certes, aujourd'hui, l'affaire était réduite à la portion congrue d'une "penny stock", avec un cours de Bourse d'un demi euro. Mais elle fut la star des stars du Nouveau marché. Avec un cours propulsé à 155 euros au printemps 2000, elle s'affichait comme la plus grosse capitalisation du compartiment. A l'époque, l'action Fi System valait en Bourse presque 2 milliards d'euros et 70 fois son chiffre d'affaires. Un poids qui aujourd'hui lui permettrait de rivaliser avec les membres de l'indice SBF 120 qui rassemble les valeurs de premier plan de la Bourse de Paris. Le hic, c'est que jamais une quelconque maîtrise technologique n'a expliqué la valeur de cette agence Web. Elle ne devait son succès qu'aux espoirs que les investisseurs mettaient alors dans le développement d'Internet. N'étant titulaire d'aucun procédé technologique, l'affaire tenait davantage d'un bureau de conception graphique à même de mettre un peu de couleur sur la page de garde d'un site vendu fort cher à une entreprise. Ce que l'entreprise elle-même présentait mieux en expliquant qu'elle "conçoit et met en oeuvre des solutions permettant aux entreprises de développer ou d'optimiser les relations avec les clients, employés, fournisseurs et partenaires". La fête a été de courte durée. Forte d'une valorisation boursière "soufflée", Fi System a multiplié les appels au marché et les gogos se précipitaient encore en juillet 2000. Hélas, l'argent n'est pas resté dans les caisses. Le groupe a brillé par une succession de rachats d'entreprises à des prix aussi irréels que le sien, accumulant seulement des survaleurs monstrueuses à son bilan. Quant à la bonne marche des affaires, l'effondrement fut aussi rapide que la montée au firmament. Dès 2001, la folle croissance des années précédentes (le chiffre d'affaires est passé de 11 millions d'euros en 1998 à 58 millions en 2000) s'interrompt brutalement et les pertes explosent (55 millions d'euros). La société devait présenter ses comptes 2002 demain ; il n'y a pas encore de contre-ordre. En attendant, la direction de Fi System a mobilisé toute son énergie pour combattre l'affreuse rumeur du dépôt de bilan, pourtant confirmé sur le site Info Greffe. En cela, elle fait preuve de constance. Déjà en juin dernier, son président n'hésitait pas à expliquer que sa trésorerie lui permettait de tenir sans problème "plus d'un an". En fait, il a depuis tenté de mettre la main sur les liquidités de sa filiale Acces2net en fusionnant avec elle. Seulement, la dégradation rapide de sa propre situation a fait capoter l'affaire à la fin mars. Dès lors, avec de nouvelles pertes courantes, sans doute proches de 20 millions, et alors que la trésorerie n'excédait pas 3 millions d'euros à la fin septembre, l'insuffisance de fonds propres devenait inévitable.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.