Alors, euro ?

Abandonnés à leur sort par les marchés américains et anglais fermés ce lundi, les marchés européens risquent, cette semaine encore, de rester dominés par un sujet majeur d'anxiété : les variations de change. Et on peut craindre que la semaine de l'Ascension, qui n'est pas fériée sur les marchés, ne porte pas bien son nom pour les places du Vieux continent. Vendredi, la monnaie européenne a encore grimpé, se hissant à 1,1834 dollar pour un euro, à quelques fractions seulement de son plus haut historique atteint le jour de son inauguration, le 4 janvier 1999 à 1,1890. La poursuite de la glissade du dollar semble inexorable. Ce n'est même peut-être qu'une question de jours, selon les professionnels, pour que la monnaie européenne dépasse le seuil de 1,20 dollar pour un euro. Historiquement, chaque période de baisse du dollar a correspondu à un recul des marchés européens. Depuis le début de l'année, l'euro s'est apprécié de 12% face au dollar en à peine deux mois. Et il semble que les investisseurs aient déjà ajusté la pondération de leurs portefeuilles entre actions américaines et valeurs européennes à l'aune des variations de parité de change. Les chiffres sont d'ailleurs éloquents : le S&P500, l'indice large américain, affiche une hausse de 6% depuis le début de l'année, tandis que l'Euro Stoxx 50, l'indice de référence en Europe, accuse un retrait de 5,85%, comme l'indice parisien (-5,4% pour le CAC 40). Avec l'envolée de l'euro c'est aussi l'espoir d'une croissance supérieure à 1% dans la zone euro qui s'envole. Les marchés, qui exècrent le désordre, se portent toujours mieux pendant les phases de pilotage coordonné des parités de change. L'abandon de la politique du dollar fort par Washington revient à bâtir la reprise de l'économie américaine contre les autres pays, explique en substance le chef économiste du Crédit Lyonnais. Avec un dollar fort, la forte croissance interne US bénéficiait particulièrement aux importations et donc aux partenaires commerciaux du pays. Mais désormais, ces derniers ne profiteront pas de la reprise, et en seront même pénalisés. Toutes les estimations convergent : une hausse de 10% du dollar entraîne une réduction de 3 à 4% des bénéfices des entreprises européennes. En outre, selon les stratégistes de la Banque du Louvre, une baisse de 10% du dollar pénalise la croissance de 0,5% en Europe et surtout équivaut à un relèvement de 100 points de base des taux monétaires pour les pays du Vieux Continent. En d'autres termes, il semble urgent que la BCE daigne faire un geste...
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