De l'influence des juges

Ce n'est pas Eliot Nes mais Eliot Spitzer. Le premier combattait la mafia de Chicago dans les années 30, le second fait la chasse aux financiers indélicats dans le New York des années 2000. Les temps ont sans doute changé, mais ces deux hommes de loi ont pour point commun de s'attaquer à des "institutions" que l'on croyait inébranlables.Avant de s'attaquer à l'industrie pharmaceutique, le procureur de l'Etat de New York s'était déjà illustré à deux reprises en accrochant deux industries financières à son tableau de chasse. Les banques d'affaires tout d'abord, accusées de ne pas respecter les règles du jeu, en particulier lors des introductions en Bourse à la folle époque de la bulle Internet. Le magistrat a mis au jour des pratiques qui ne faisaient pas honneur aux banquiers de Wall Street qui n'ont eu d'autre solution, comme cela est la règle aux Etats-Unis, que de payer pour mettre fin aux poursuites. Depuis, de nouvelles règles ont été édictées et des précautions prises.La deuxième cible financière à laquelle s'est attaqué Eliot Spitzer concerne l'industrie, très puissante outre-Atlantique, des "mutual funds", l'équivalent de notre gestion collective. Là aussi, les découvertes ont été à la hauteur des déconvenues des clients qui ont vu fondre une partie de leurs économies ces dernières années. Pratiques de marché contestables et opacité excessive des frais ponctionnés sur les clients ont notamment été mis au jour et, une fois de plus, l'industrie de la gestion collective a dû se résoudre à transiger pour éviter le procès.L'intervention musclée du procureur Spitzer pourrait cependant avoir des conséquences beaucoup plus sérieuses et avoir un impact sur l'organisation même de cette industrie. En obligeant les gestionnaires d'actifs à plus de transparence, en obligeant certains d'entre eux à régler de lourdes amendes, la justice pourrait accélérer la consolidation du secteur. Déjà, des sociétés de taille moyenne réfléchissent à trouver acheteur ou sont passées à l'acte. Et même les géants, semble-t-il, commencent à se poser des questions. Merrill Lynch, poids lourd avec plus de 500 milliards sous gestion, aurait décidé de remettre à plat sa stratégie dans le secteur et envisagerait de rapprocher ce métier de Legg Mason, un autre acteur significatif. Peut-être l'intervention du procureur de New York n'est-elle pas à l'origine de ces interrogations mais il est certain qu'elle contribue à accélérer les choses.
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