L'après Enron s'appelle Parmalat

Depuis quelques semaines, l'Italie est secouée par le scandale Parmalat. Qu'un groupe coté puisse quasiment du jour au lendemain afficher dans ses comptes un trou qui se chiffre en milliards d'euros laisse rêveur. D'autant que plus de deux ans après l'affaire Enron, qui en son temps avait tétanisé la planète financière, beaucoup pensaient que les errements du passés n'étaient plus qu'un mauvais souvenir. Ce n'est hélas pas le cas, loin de là. Et une fois de plus, force est de constater que le rôle des banques peut être stigmatisé. Bien sûr, il est encore trop tôt pour faire la part des choses entre les responsabilités des uns et des autres, au moment où l'enquête judiciaire ne fait que commencer. Et celle des dirigeants du groupe agroalimentaire italien, au tout premier rang desquels figurent les représentants de la famille Tanzi, risque au final d'apparaître accablante. Mais de voir une fois de plus apparaître le nom du géant américain Citigroup impliqué dans des montages reposant sur le recours à des paradis fiscaux laisse rêveur. Ce sont les mêmes mécanismes dits "déconsolidants" qui ont été mis en oeuvre dans l'affaire Enron. Les mêmes montages produisent les mêmes effets, et au final les mêmes désastres et à chaque fois les autorités censées exercer un contrôle n'y voient que du feu.Dans ces conditions, tant que la mise en place de mécanismes d'optimisation fiscale risque d'être synonyme de fraude, voire d'escroquerie, la responsabilité des banques sera engagée. Car il serait illusoire de réduire l'affaire Parmalat aux seules particularités de l'Italie, en l'occurrence bien commodes. Ce sont des établissements financiers internationaux de premier plan, dont Citigroup mais aussi Bank of America et la Deutsche Bank, qui risquent de voir leur réputation écornée.Reste l'épineuse question de l'attitude des banques italiennes dans cette affaire. Capitalia (l'ex Banca di Roma) est directement montrée du doigt par les anciens dirigeants de Parmalat et semble très exposée. Mais d'autres établissements sont eux aussi pris dans la tourmente qui en fait secoue l'ensemble de la communauté financière italienne. Etre à la fois prêteur et conseil pour les opérations de croissance externe, sans parler des opérations de marché, c'est s'exposer à d'inévitables conflits d'intérêts. En la matière, les banques italienne n'ont malheureusement pas de leçon à recevoir de leurs homologues anglo-saxonnes. C'est peut être cela aussi la mondialisation de la finance.
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